Pour qui aime l’objet-livre et achète parfois une édition ancienne de livres déjà en sa possession dans une édition plus récente, un plan comme ce plan de Bruxelles intitulé Plan général de Bruxelles et de la banlieue sera du plus grand intérêt et mérite qu’on s’y attarde plus longuement qu’on ne le fera avec les autres. Il comporte treize lignes de carreaux numérotées de 1 à 13 et de 12 colonnes marquées de A à L. La couverture est un rectangle imprimé à l’horizontale et plié en deux. Le plan est constitué de deux pans de A à F et de F à L assemblés à l’arrière par des segments de ruban de papier à mouiller blanc rayé de vert. Il est collé du côté droit et plié en accordéon, chaque pli étant, depuis le bas, en retrait par rapport au précédent. Une palette de couleurs pastel, jaune, bleu ciel, rose saumon, vert anis, marron, est utilisée pour délimiter les différentes communes qui à l’époque constituaient la banlieue de Bruxelles. Aucune mention d’une date d’édition mais au détour d’une des pages de la liste des rues, apparaît un tampon indiquant la date du 26 juillet 1942. A glisser sans hésitation dans son coffre des antiques. Les plans et cartes se savent triturés, usés, et de ce fait, déchirés aux croisements des pliures horizontales et verticales, c’est ce qui autrefois, malheureusement, pouvait signer leur arrêt de mort. S’ajoute cet autre plan intitulé Bruxelles – Plan de ville et grande banlieue, il est plus dense et d’une échelle plus élevée, il couvre une plus grande partie de la banlieue et la banlieue n’est plus la même qu’en 1942, mais on ne va pas s’étendre sur cette question complexe à laquelle même les Bruxellois n’entendent pas grand chose. Les déchirures et les plis totalement anarchiques témoignent d’un usage relativement fréquent et comme d’un manque de respect dû à ses bons et loyaux services. Les cartes et plans ne semblent pas aimer divulguer leur âge ; celui-ci ne nous en informe que par la date du dépôt légal dans le coin inférieur gauche : 1988/1989. Pour qui aimait avoir une vue globale d’une ville, que ce soit, d’une part, la sienne ou des villes dont il ou elle a déjà une certaine connaissance, afin de pouvoir établir les connexions entre les différentes communes et quartiers, ou, d’autre part, des villes nouvellement découvertes pour en avoir une vue d’ensemble, ce type de plan est la solution idéale ; pour ceux-là, les plans sous forme de livres ne conviennent pas du tout. S’ajoutent à la collection de reliques, un plan Michelin de Paris, 1989 également, échelle 1/10.000, avec des bouts de banlieue pour compléter les coins, ou encore une Pocket Map of London, 1996, échelle 1/12.500. A l’heure du numérique, où Google Maps, Google Earth ou Waze ont relégué leurs ancêtres dans les caves et greniers, si ce n’est dans les conteneurs papier et cartons, les versions papier neuves n’ont plus vraiment droit de cité, ou alors de petites versions comme ce plan de Manhattan acheté en 2018, échelle 1/32000, format dépliant à 5 plis en bristol glacé. Puis, en vrac, une carte de France, échelle 1/1.100.000 avec plans de certaines agglomérations, plusieurs cartes régionales, des cartes des Midlands et du Sud-Est de l’Angleterre. Quant aux guides, peut-être sont-ils plus en odeur de sainteté : les guides Gallimard, les guides Hachette « Voir » : Paris, New-York, Norvège, Islande. Ceux qui n’ont pas l’occasion de voyager peuvent s’évader grâce à ces superbes livres aux pages en papier glacé ; des guides plus spécifiques comme un guide des promenades vertes autour de Bruxelles, un guide des Marolles (quartier de Bruxelles au pied du Palais de Justice), un guide de New-York « Out of the box », un guide de l’Oxford de Morse et Lewis, un guide de l’Islande d’Arnaldur Indriðason et, last but not least, Le Guide lovecraftien de Providence, son papier n’est pas glacé mais qui en a cure ? C’est un guide qui a été conçu à la fois pour accompagner le visiteur sur place et pour permettre aux amateurs du Maître de Providence de se faire une idée et de comprendre les lieux qui ont forgé son œuvre.