(on met tout sur la table, ou dans la boite, mais il n’y a rien qui sorte sinon ceci, immédiat – comment recoller les morceaux, dis moi?) (dans les mêmes années, tournait très régulièrement le Harvest (Neil Young), le Berlin (Lou Reed) et le Horses (Patti Smith) – que des amerloks – que je le veuille ou pas, le truc me rattrape – comment recoller ?)
il y avait une librairie française (la carte (virtuelle contingente déformée) dit fermée définitivement) le premier jour, on était arrivé le matin, le train était de nuit alors (ça n’existe plus, quelle honte) (ce n’était pas l’express, non, mais on allait passer Noël là-bas, et il y aurait de la neige sur la grande roue montée sur la jetée (des Esclaves ou) des Slaves c’est comme on préfère) c’était une carte plastifiée, on n’arrêtait pas alors de la plier, de la déplier et de la replier – la peur de se perdre sans doute, c’est un peu bête, nous étions sur une île – jamais on ne s’y perd – le libraire parlait français (ça tombait bien) un homme gentil, vieux (il devait avoir l’âge que j’ai aujourd’hui) cheveu blanc casquette pull en laine comme on faisait alors (le truc grosse laine fermé par une ceinture genre liseuse veste large col tu te rappelles ? ) un vieux mec sympathique et ouvert, il nous conseilla le modèle, nous indiqua qu’il était assez précis, avec des erreurs évidemment mais on pouvait s’y repérer et s’y fier – on vivait dans une pension juste à côté de la gare mais la librairie jouxtait la place où se tient l’hôpital et la statue du condottiere, il fallait prendre la rue Nouvelle (je traduis) les blocs étaient dans les beiges, les canaux dans les bleus mais ça ne sert à rien d’en connaître les noms, les six quartiers avaient des couleurs différentes, on pouvait aussi distinguer dans des petits carrés sur les bords, en bas, les trois ou quatre îles indiquées pour quelque attrait, on mangeait des pâtes chez Brek (ah non, ça c’était une autre fois), on allait se réchauffer chez Coin (un grand magasin) mais difficile de poser des traces au stylo sur une carte plastifiée – le lendemain de Noël est fête aussi, Santo Stefano, ce qui fait qu’il n’y avait pratiquement personne dans les rues, la neige était tombée, je me souviens qu’on devait avoir rendez-vous dans un café sur une place (il y en a d’innombrables – cafés comme places comme dans toutes les villes) avec des amis qui faisaient les mêmes études de cinéma, dont l’un était italien – on se perdait et on arrivait aux quais, au loin on voyait le cimetière – on se perdait encore on marchait, on arrivait ici ou là, on se repérait on est là, quand on passait devant une de ces mille et plus statues de la madonne, on lui envoyait des baisers, comme dans la chanson (non, c’était avec les files, ça) – on mangeait de ces petits sandwichs avec des champignons et de la mayonnaise et du jambon, un verre de vin – on marchait tu sais, on marchait beaucoup, les ponts, les petits escaliers qui y mènent, les ponts, le soir venait vite mais c’est encore plus beau dans la nuit, cette première fois, à Venise – aujourd’hui même en auto je refuse le système de positionnement global – j’ai perdu le plaisir de croire en la technique, j’ai perdu mes illusions aussi sans doute – il y a des cartes jaunes dans les vides-poches des portes de la voiture, un gros livre où les villes qu’on cherche sont (plus ou moins) systématiquement sur les pliures – dans la bibliothèques de l’entrée tout de suite à gauche, on avait l’habitude déposer sur l’étagère du bas, pour les ranger, les guides, les cartes, celles qu’on vous donne à la location de voiture, celle qui ne montrent rien, celles dont on se sépare dès le retour pour les oublier là – il y avait aussi celle qui était citée dans cette chanson qui mentionne celle du tendre – même si tous les jours sans doute je vais voir ici, là ou ailleurs comment se disposent les rues les places et les impasses, ça ne change rien, ça ne remplacera jamais d’y être – de regarder au fond de l’image le lido et le dome de la Salute – je vais chercher une image je vais la poser et aller boire un peu de Campari – à la santé de Margot
Le Campari seul ou avec du Tonic ? Belle évocation, in ogni caso !
ma, é come ci piace… (merci à toi)
Magnifique
et puis les bifurcations entêtées dans les îles
territoire totalement inconnu pour moi
profonds mystères
merci à toi (une ville magnifique mais est-ce vraiment une ville que cette sérénissime-là ?)(merci encore)
C’est bien bien de lire ça, délicatement nostalgique et oui, pourquoi les villes toujours dans les pliures on se demande…
il faut se méfier de ces constatations (pliures) (comme tu sais) (merci d’être passée)
Merci Piero, c’est vrai que c’est beau, ce voyage avec les cartes plastifiées et la perte de tes illusions… à bientôt.
merci à toi Clarence
Merci pour le voyage. Le train de nuit je l’ai pris ( pour là bas deux fois) . Les trains de nuit avec ou sans lit … les trains et les chansons
souvenir souvenirs… (merci à toi Nathalie)
et quand on marchait en débit de nuit nos pas faisaient un bruit fou, ça tenait compagnie