L’entrée se fait par deux portes s’ouvrant en son centre à l’aide d’un bouton vert sur lequel il est recommandé d’y appuyer le coude mais on y pose, généralement, pour des raisons pratiques, le doigt et plus particulièrement l’index. Cette ouverture s’accompagne d’une sonnerie, incolore et inodore et d’une petite affichette sur laquelle est dessinée un petit lapin se coinçant les mains nous rappelant qu’il est de bon ton de ne pas y introduire ses doigts justement. Une porte qui s’ouvre et se referme sur des foules agglutinées entre Paris et sa grande banlieue, au delà du périphérique, à savoir, à l’autre bout du monde. Long couloir gris, frontière entre deux rangées de six sièges, quatre sièges, deux sièges, sièges recouverts d’une petite moquette de couleur rose et de petits carreaux violets surmontés d’appuie-tête, plutôt laide la moquette. Rangée de sièges où s’assoient nombre de silhouettes rentrant, partant, dormant, lisant (si peu), nez dans leurs portables (beaucoup pour ne pas dire presque tous), assis devant de grandes fenêtres sur lesquelles l’on peut distinguer de petits dessins illustrant l’usage d’un marteau brise-vitre rouge scellé dans une boite verte et la question qui persiste est : « Mais comment ouvre t’on le boitier qui détient le marteau ? ». Eclairages lumineux au plafond. Pas de possibilité d’ouvrir les fenêtres, pas de toilettes, pas de porte-bagages, il faut se retenir de tout. Un écran dans chaque wagon indiquant les prochaines villes et communes et les heures exactes de leurs arrivées. Un panneau défilant, noir, doré et lumineux indiquant l’heure exacte de l’arrivée à la prochaine ville. Petit escalier gris entre chaque wagon avec quelques sièges espacés pour faire place aux vélos. Efficace, sans saveur, avec ces grandes fenêtres par lesquelles personne ou presque ne regarde, lassé peut-être, du même paysage incessant, routinier et monotone.
Mais pourquoi ce lieu me direz-vous ? Aucun attachement particulier, ni souvenir brûlant, seulement un transport me reliant de Paris à ma ville et vice et versa. Un transport m’offrant une mobilité, sans efforts, ni remords. « Le petit train s’en va dans la campagne » chantait les Rita Mitsouko, le mien a plutôt des allures de modernité grise mais il n’est pas sous terre et n’est pas un RER (qu’on s’entende bien, je n’ai rien contre le RER). C’est un transport que j’utilise souvent et depuis bien longtemps et qui a fait oeuvre de tant d’heures de lectures, écritures, discussions, parfois qu’il mérite bien que j’en parle dans ses lignes jusqu’à en devenir un lieu m’emmenant dans d’autres lieux.
(un coup de coude ou un coup de talon pour la petite vitre – au besoin on enlève sa pompe bien sûr) (tsais quoi ? dans le jardon sociologico-marketo origine/destination de la société de chemin de fer, on vous nomme vous autres des pendulaires – l’héroïne de ma contribution à ce livre (https://www.lairnu.net/librairie/article/une-ville-au-loin) en fait aussi partie…) (et c’est vrai que ces endroits ordinaires méritent pourtant quand même qu’on les retienne pour ici) (merci à toi)
En 2016 je travaillais à quelques minutes de Moret Sur Loing dans les hameaux de la Genevraye et Cugny pendant deux belles années autour de l’ancienne dynamiterie : http://dynamiterie.blogspot.com
(je ne sais pas comment tu la crée en lien) – Merci pour ton livre de résidence, je vais regarder cela de plus près. Bonne journée Piero.
Le lien a marché tout seul – parfait ! j’aime l’idée d’être une pendulaire…