La carte que tu te prends dans la figure quand il y a du vent ; la carte que tu voudrais replier comme tu l’as dépliée, mais que tu n’y arrives pas alors tu la mets en vrac dans la poche extérieure du sac à dos ou dans la boite à gant de la voiture ; la carte de Crète utilisée de nombreuses années, toujours là et prêt à repartir avec, même si tu dois porter des lunettes maintenant pour la voir ; comment l’espace à plat peut devenir du temps ? en empruntant les chemins et routes, par notre verticalité nous sommes la dimension manquante à la carte ; toujours la carte de Crète réparée au scotch ; scotch après scotch, une carte imperméabilisée ; la carte que tu déplies chez toi avant de partir et le chat qui s’allonge en pleine mer ; la légende des cartes un grand moment de lecture, une grande invention ; la carte qui permet des détours, des surprises, des découvertes qui va au-delà du point A au point B, qui bifurque qui contourne, qui te fais aller dormir ailleurs comme tu n’avais pas prévu de le faire et peut-être y rester ; qui fais le voyage la carte ou toi ? L’Atlas, qui avec ses plus de cinquante centimètres de haut, te faisait te dire que tu ferais tout ça à vélo ; l’atlas où il n’y a pas de danger, de guerre, juste des kilomètres et des kilomètres de montagnes, plaines, mers, océans, et même qu’il y a de la neige sur certains massifs, de la neige éternelle ; l’atlas où tu traces les expéditions incroyables au crayon à papier, le Paris-Tombouctou de 1922, le Miroir des Sports et sa carte quotidienne dans les archives ; et Magelan, par où est-il passé ? Et Alexandra David-Néel ? Des plans de ville qui te font connaitre la ville avant d’y avoir mis les pieds ; les méridiens de la médecine chinoise ; les anciennes cartographies indiennes du corps et ses nadîs ; le papier millimétré en classe de géographie ; les trigrammes, hexagrammes du Livre des changements Ji Jing, se dilatent, se rétractent, se rapprochent, se séparent ; les contrées du Seigneur des anneaux et des Jardins statuaires ; le plan de la maison avant toi et pendant qui te fait dire que tu n’es que de passage comme sur la carte, sur le plan, t’interroger sur ce que tu trace.
quand l’espace «à plat» devient temps, oui…
Ajouté une des réponses dans la boîte.
« comment l’espace à plat peut devenir du temps ? » je vais m’endormir sur la carte et rêver avec tes cartes
La carte qui contient toutes les cartes est impossible. Et entrerait-elle seulement dans la boîte ? Merci Romain.