Piste N°4
Il n’est pas nécessaire de construire un labyrinthe quand l’univers en est déjà un …
Jorge Luis Borges
Au moment où elles hérissent leurs herses de barbelés et de vigiles plus ou moins assermentés et armés pour se refermer impitoyablement, provoquer des noyades collectives en mer, des rétentions abusives en des centres de transit, des maltraitances,des contrôles de plus en plus biotechniques et numérisés… j’apprends que le thème choisi (par qui ?) au prochain Printemps des Poètes en 2023 est FRONTIERES
À quoi servent les frontières ?
Peut-on faire un inventaire exhaustif des frontières ?
Comment les identifier, les cartographier, les justifier sur une planète surpeuplée, les dénoncer ? Il me semble que cela peut constituer une entrée dans la consigne # 06. Il nous reste à savoir si la poésie suffira pour en donner une idée juste, heuristique et pragmatique.
Existe-il un Atlas général des frontières extérieures et intérieures ne serait-ce que pour la Planisphère ? La carte du ciel a ceci de pratique que son caractère extensif nous dispense d’envoyer des géomètres jusqu’à l’infini supposé. Existe-il un Guide des frontières en matière de coutumes et de tolérance à l’altérité ? Existent-ils des Plans pour déjouer les effets délétères et même destruction des frontières dans un mouvement général de migrations non volontaires ?
Ce mot FRONTIÈRES en début de canicule, me saute au visage et je ne pourrai pas essuyer facilement, ni toute seule, ce qu’il éclabousse en moi de crainte, de compassion et de colère que la poésie ne résorbera pas.
La première frontière, c’est la langue… la langue des cartes est difficile à apprendre pour des non-initié.e.s… sur les documents papier. Tout n’est pas traduit non plus et il faut en passer par l’anglais faute de mieux… L’Esperanto n’ayant pas fait florès…
La deuxième frontière, c’est l’impérialisme et la cruauté humaine envers ses adversaires et de même parfois ses ressortissants. Tout vient de là et de l’accaparement des ressources, y compris humaines, des travailleurs, des ventres à soldats, des mercenaires, des militaires et des murs infranchissables qu’on détruit ensuite et qu’on déplace ailleurs…
Interrogations abyssales… dont la littérature fourmille…
Je vais partir dans cette direction… Je verrai peut-être si la poésie me suit… Si son Terroir c’est les Galaxies, Julos Beaucarne pourrait peut-être m’envoyer un signe. À défaut m’envoyer un signe. Une chanson de circonstance…
Le désert attire le nomade ; l’océan, le matelot ; l’infini, le poète.
Pensées | J. Roux
ITINÉRANCES– TRANSHUMANCE – DÉPORTATION …
En atterrissant auprès d’une caravane quelque part au Sahara, Saint-Exupéry, tout fier de son engin, apostropha un nomade:
“Il n’a fallu que quelques heures à mon avion pour arriver ici… alors que ta caravane met plus de deux mois”.
Le vieux nomade, nullement impressionné, répliqua:
“Et le reste du temps qu’est ce que tu en fais?”