Plan du métro de Londres, quel bonheur ! Le inner circle en forme de bouteille bien dessiné en rouge. Suivre le parcours monotone et circulaire de Hilary Burde, le personnage caverneux créé par Iris Murdoch, dans A Word Child, un pantin rongé par le remords, parcourant en boucle les vingt-sept stations du métro londonien dans ce qu’il a de plus secret, s’arrêtant à Sloane Square, la station claire, quand son état d’esprit lui permet de l’élan, ou à Liverpool Street, obscure, basse et menaçante, quand il voit sa vie traquée par des démons intérieurs qui font surface sur sa conscience. Parfois, il parcourt la ligne entière avant de décider quel bar choisir, où enterrer ses souvenirs et ses peurs, seul ou en compagnie des autres perdus, sans boussole dans l’existence. Mon plan ne sert à rien, je ne me perds pas, les stations arrivent comme prévu par les paroles du haut-parleur : Bayswater, Notting Hill Gate, High Street Kensington, Glouscester Road, South Kensington, Sloane Square, Victoria, St James Park, Westminster, et ainsi de suite, jusqu’à la nausée de la répétition. Je ne trouve pas l’atmosphère lugubre et suffocante du roman, tout est prosaïque et banal, sans saillie ou porte vers la poésie de l’imaginaire. Aucun plan, carte ou guide grâce auxquels on peut se perdre ou se sauver.
se perdre, tout un art et pas si facile, c’est bien vrai
Merci, Catherine ! La comparaison entre littérature et réalité est prafois un grand choc.
Il faut lire les auteurs sombres pour reprendre gout à la réalité ! Encore un peu de Lovecraft ?Justement, j’ai depuis longtemps le fantasme toujours pas réalisé de visiter Lisbonne avec le guide de Pessoa, toi qui est sur place, tu dirais que c’est une idée valable ou idiote?
Idée très valable pour tout ce qui patrimoine architectural ancien. C’est très informatif, rigoureux et canonique. Après, sur place, il vaut mieux trahir le guide et se laisser aller au gré de notre propre intuition, parcourir les quartiers les moins visités par les touristes, car chacun d’eux a une atmosphère bien spéciale. En tout cas, si tu viens, fais-moi signe !
Vivre sans boussole, pour la renaissance et l’inquiétude de renaître, pour la découverte des plis, pour y sauter à pieds joints, ne plus rien se refuser – errer quitte à tomber, errer dans un tricotage de reliefs, les monts et les marées
De Lisbonne à Londres – aiLes vertigineuses !
Oh, merci, Françoise !
(j’ai pensé à ça : http://virginiegautier.com/portfolio/marcher-dans-londres/ et puis j’ai vu la consigne du septième jour (comme on sait, l’autre s’était un peu arrêté ce jour-là – il avait eu une rude semaine aussi : mais nous, non) (vraiment bien beaucoup en tout cas)
Merci pour le lien; ai jetté un coup d’oeil et cela me semble bien intéressant. Le titre me rapelle une histoire vécue à Rome où on nous avait donné un plan de la ville imprimé à l’envers; ce qui était amusant car on ne voyait rien de ce que l’on pensait voir, mais on découvrait plein d’autres choses que l’on n’aurait peut-être pas remarquées sans l’erreur d’impression. Non, au septième jour, il ne faut surtout pas se sentir enseveli ! Merci, Piero !
« Mon plan ne sert à rien » : ce n’est pas vrai, ton plan sert à donner envie de se plonger dans « The World Child »…
Oh, tant mieux alors ! Cela vaut le coup, c’est pour moi le meilleur roman d’Iris Murdoch. Merci, Laure !
Ah, voilà qui vole plus haut à propos de cartes et plans. Merci, Helena, pour ce double voyage dans les stations de métro de Londres, un à la suite d’Hilary Burde et celui de l’auteure du texte dont il souligne le caractère bien différent. Beaucoup aimé et très instructif. Et oui, envie de lire Iris Murdoch.
Merci, Anne ! J’espère que tu aimeras Hilary Burde !