À la fin du XIXe siècle paraissent à Lyon des guides de promenade à pied autour de Lyon. Les textes d’Aimé Vingtrinier zigzags lyonnais autour du Mont d’or (1880)ou de Monsieur Josse Aux environs de Lyon (1892) sont repris par les revues Lyon-revue, recueil littéraire, historique et archéologique , ou le Progrès illustré supplément dominical au journal Le Progrès. Le moteur à explosion n’existe pas encore, les routes sont meilleures et l’on peut même faire une partie du chemin en omnibus, pour descendre entre champagne et le Puy d’or…
Lissieu y est présenté comme « sorti de sa torpeur séculaire par la rectification de la route nationale ». « Riche par l’agriculture, Lissieu, comme la plupart des autres communes du
Mont-d’or, est totalement dépourvu de commerce et d’industrie. De frais vallons,
d’agrestes coteaux et de vertes prairies arrosées par le ruisseau de Gorges et par l’Azergues… enfin, le domaine de Bois-Dieu, isolé au milieu d’un parc touffu et arrosé de quantités de sources intarissables… le château de La roue qui pourrait rivaliser avec un parc royal où jets d’eau, cascades, statues, belvédères se rencontrent à chaque pas » (lyon-revue janvier 1881).
Le très ancien village reconnaissable à ses vieilles tours de maisons groupées autour de son église très simple, au milieu du cimetière vaut par ses couleurs chaudes qui ont inspiré les peintres lyonnais mais surtout par ses châteaux et leurs illustres propriétaires, grands amateurs de villégiature si honorablement connus dans la finance, le négoce et les sciences (le Progrès illustré 1893 cite même leurs noms et qualités)
En 1974, alors que l’autoroute traverse Lissieu de part en part, coup de tonnerre avec la vente du domaine de Bois Dieu. La mairie fait le choix d’une zone d’aménagement concerté. 350 maisons seront construites sur le domaine dans une commune qui ne compte alors que 600 habitants. Lissieu est toujours un beau village aux vieilles bâtisses de pierres de taille où les lilas (sic) grimpent aux façades et où l’on pourrait voir encore un garde-manger grillagé pendant au balcon avec pour seul problème cette « route nationale 6 avec tout ce qu’elle suppose de circulation, de risques et d’accidents ou simplement de bruit et d’embarras ».
Bizarrement personne ne parle de l’autoroute A6, ni le journaliste du Progrès, ni le dépliant publicitaire pour la commercialisation des maisons qui vante « le plaisir de vivre à la campagne dans votre maison Acacia 123 m 2, Erable 153 m2, Cèdre 211 m2 de 230 000 F à 650 000 F dans votre domaine au cœur de la campagne lyonnaise dans un magnifique parc boisé et vallonné sous la futaie de votre parc à qq. kilomètres du centre de Lyon ». En revanche, les illustrations du document sont très claires, c’est bien l’existence de l’autoroute qui rend se projet tellement attirant et il connaîtra effectivement un grand succès.
En 2022, les agents immobiliers ne s’embarrassent pas de considérations sur la campagne riante, les promenades et les vertes futaies. On parle des commodités et de transports : « dans cette belle commune de la métropole de Lyon proche de Limonest de L’A6 et de la A89 qui dispose de toutes les commodités : petite enfance : Deux crèches municipales d’une capacité globale de 35 places peuvent accueillir vos enfants. Une micro-crèche privée est également située sur le secteur du Bois Dieu. Écoles : La commune dispose de deux groupes scolaires maternelle et élémentaire qui accueillent 280 élèves. Collège : la commune dépend du collège Jean Philippe Rameau à Champagne au Mont d’or. Ramassage scolaire : Lignes junior direct 521 / 184 / 186 / 306 / 370 / 521 / 77Ligne TCL : Ligne 61 : Lissieu -> Gare de Vaise » (annonce immobilière). Une maison vous coûtera de 3 à 6000 euros du m2 et vous aurez le choix entre le projet de construction 120 m2 720 000, maison récente (2007) 132 m2 570 000, maison/villa 260 m2 1 449 000, maison traditionnelle 728 000 construite en 1850, maison ancienne 157 m2 600 000,maison en pierre 535 000 ou demeure avec jardin construite en 1770 161 m2 490 000 euros. Il existe bien encore un parcours pour se promener dans l’histoire de Lissieu, mais de ballades à travers prés , bois et ruisseaux, bientôt plus aucune.
L’inspecteur Godard-Livet mène l’enquête de la torpeur séculaire au brochures d’agents immobiliers, j’adore ! je ne connais pas les lieux mais j’imagine…
merci Catherine. Ey oui, une vocation q’enquétrice.
Quelle bonne idée, et bien menée, cette description de l’étalement de l’habitat et de l’automobile reine à coups de brochures touristiqueset immobilières !