l’œil est une fiction : l’imaginer là où se fondent l’un dans l’autre deux murs et où finit le plafond à caissons, un point à deux hauteurs d’homme, peu probable qu’il y a jamais eu quelqu’un pour embrasser l’espace d’ici, lors de la construction mais nul n’habitait, nul ne contemplait sauf par l’entremise de la fatigue et si brièvement avant l’oubli, d’abord la dalle verte sur les tréteaux, on pourrait y allonger fastueusement un cadavre, mais ce sont les rectangles blancs griffés de lignes se superposant en désordre consommé, puis les tranches des piles de disques de vinyle ceinturant la pièce, celles superposées des livres, le désordre déjà, des objets de petite taille déposés ci et là, deux chaises ne respectant aucun alignement, aucune parallélisme, des choses – comme les appeler sinon – abandonnées, des survivantes, qui pourrait avoir voulu les sauver sinon une acédie sans remède, en s’approchant assister au tapissement de la poussière, plus bas encore les taches sur le carrelage gris, les différences de niveau entre les dalles et en s’appuyant, retourné, le plafond soulevé par son étroitesse, parcouru de fissures, des lianes légères formées de fils de toile d’araignées se balançant au vent minimal, et le lustre, en étoile, cinq branches principales, chacune se divisant en deux branches secondaires, inquiétude de sa proximité, doute abyssal sur sa symétrie radiale effective, à chaque passage, cette question revenant, comme un rite, et la pensée que sa chute serait fatale à l’observateur, à genoux le paysage au-dessus des casseroles et de la vaisselle sale, en entrant dans la cuisine établie sur un balcon couvert, refermé, mince château arrière en aplomb d’un navire minuscule, en s’avançant, la tête poussée par la fenêtre, s’inclinant au sol pavé occupant toute la vue, l’attirance, l’appel de la gravité sombre, retraite brusque arrêtée par le miroir, puis, se retournant, l’autre, tous deux sur des portes et les reflets se multipliant selon l’angle formé entre elles, jusqu’à ce que l’un soit repoussé au mur, ne dévoilant qu’un espace bas se repliant et s’abaissant, les feuilles, les carnets, les lambeaux de carton, les boites vides, écartelées, se sédimentant, s’élèvent, rêvant un métamorphisme, un île de bois blond où poser, se reposer, la main et le regard ne faisant plus qu’un, il n’y a plus qu’à fuir dans la nuit, toujours attendue, plongeant vers l’horizon disparu
quel titre étrange, inquiétant (je voudrais aussi, tout bientôt, qu’on explore du côté de l’inquiétude)
Je n’aime guère donner des titres à ce que j’écris – ou alors je trouve des titres mais rien derrière. Ici, je n’ai pas réfléchi. pas certain qu’il vienne de moi.
suis allé avoir si ce titre existait déjà. effectivement et je l’ai donc ôté de mon texte