Au quatrième étage, la porte est ouverte, battant contre le mur à droite. Depuis le palier, on voit le bordel d’un appartement qui pourrait être d’étudiants, à gauche, contre le mur des chaussures, trois, quatre paires entassées, un sac poubelle plein et ouvert, au-dessus, le mur est tâché, griffé, ce qui est suspendu à une patère surchargée masque la suite des cicatrices que porte le mur, un manteau long, une veste avec un livre de poche dans la poche, un blouson de jean, un cuir noir, une veste de toile anthracite, un pull, un chapeau, au dessus de la patère, des livres sont entassés, quelques journaux aussi, la jonction avec le plafond est travaillée au stuc, corniches grisées par les années et la fumée, au centre du plafond, rosace de laquelle pend un fil électrique raccordé à un sucre, au bout une ampoule nue. Sur la droite, on redescend sur une porte vitrée, ouverte sur une cuisine qu’on dirait américaine alors qu’elle est barcelonaise, et salon, où pend une ampoule nue et s’entassent livres et corps, au fond, une porte-fenêtre, ouverte aussi comme toutes les portes, un balcon et depuis la rue, le sommet d’un palmier. Retour dans le hall, la terre d’un yucca jauni sert de cendrier, après lui, une autre porte, ouverte, entre le yucca et la porte, un mur de livres entassés sans bibliothèque, philosophie, politique, littérature mêlées, ça tient comme un mur de pierres sèches, au-delà, dans la chambre, un matelas deux places est posé au sol, des jeunes gens posés sur le matelas, livres empilés entre le matelas et le mur du fond, linge sale dans le coin, bouteilles couchées partout, rires….
Un chat dort sur un pull, comme dorment les chats.
Le Chat de Schrödinger?
Précis et limpide. Je vois très bien les lieux, la caméra a pris le rythme de mon imagination.
Longtemps que je n’ai pas remis les pieds à Barcelone mais le texte, l’image, m’y ramènent bien, d’ailleurs cette pension ne m’est pas inconnue, ni le matelas à même le sol… même le chat ronronne dans le souvenir, inventé? réel ? encore.
Trop fort. MerciPhilippe.
Et ce chat qui fait mouche, inoublié.
putain c’était le bon temps
On visualise tout très bien et l’atmosphère est particulièrement bien rendue…On y est ! (Et c’est amusant : dans mon prologue j’évoquais une pension (mal famée) située à cinq minutes de là) Oh et très belle vision finale du chat !
Quel beau tour d’horizon. On s’y croirait !
Un grand merci pour ce beau moment de lecture, Philippe.