On n’est jamais assez doux avec ses souvenirs de cave. Pourtant, petite fille, je me sentais Alice quand, dans la pièce minuscule qui servait de buanderie, je soulevais la trappe qui cachait un escalier de bois peint en blanc. Je glissais mon doigt dans un simple trou et j’ouvrais la cave aux merveilles. En bas, l’odeur de propre mêlé d’humidité me saisissait. A droite, un renfoncement bordé de 2 marches menait à une porte de lutin qui faisait jonction avec le jardin. Mon 1er regard tombait sur la cage aux patates fabriquée par mon père, où se déversaient des dizaines de kilos de pommes de terre depuis leur toile de jute. Un plan de travail courait le long des murs avec les réserves de casseroles, vaisselles, packs d’eau et provisions en conserve. Un congélateur, souvent complice de mes descentes, contenait les glaces au chocolat que je convoitais. Mais avant, passage dans la pièce sombre d’à côté. Murs tordus, mal torchés, avec à droite une ouverture carrée sur une alcôve sombre où parfois mon père cultivait des chicons ou planquait les bouteilles de vin datant de ma naissance. Dans des seaux couverts, des champignons de Paris de chez-moi. Au sol, les casiers de bières pour les visiteurs. Et dans un coin, une armoire à chaussures de saison. J’y passais de nombreuses heures, à m’imaginer cachée de l’ennemi. Je tâtais le vide dans le trou aux chicons, me demandant si mes parents y planquaient un trésor ou des carnets de secrets. J’espérais trouver le journal d’un ancien prisonnier.
Un trait imperceptible courait sur toutes les parois à 90 centimètres du sol, trace d’un terrible drame qui avait fait pleurer ma mère à 2 reprises : l’inondation.
Moi qui me sens mal les caves, votre récit comporte une telle douceur que cela me donnerait presque envie de renouveler l’expérience… merci