Sa promenade, elle y tenait. Pas très longue, toujours délicate, trottoir bosselé par les racines du grand arbre du 2, grille d’évacuation du 4 toujours bouchée quand il pleut (malgré les multiples travaux, c’est toujours pareil), haie envahissant le trottoir du 6 (il l’a pourtant coupée l’autre jour, mais c’est comme s’il n’avait rien fait, il se fait vieux lui aussi), gravillons laissés par le dernier chantier de goudronnage pour reboucher les tranchées ouvertes pour elle ne sait quoi (ça a bien duré 3 mois avant qu’ils reviennent), ils ont balayé une fois, mais ça a laissé beaucoup de gravillons. Passé ce croisement très large où elle doit faire attention, c’est plus facile, il y a bien eu ces travaux au 10 sur la grille d’évacuation qui ont duré trois jours, mais très bien signalés il faut le reconnaitre (panneaux de chantier, de rétrécissement de voie des deux côtés, cônes rouges et blancs – 6 au moins — et panneau vertical rouge et blanc — qui est encore là celui-là —). Elle a essayé de se faire expliquer ce qu’ils faisaient, mais elle n’a rien compris, l’ouvrier a dit deux mots remis son casque sur les oreilles et puis c’est tout. Avant au 8, elle passe toujours la tête au-dessus de la barrière pour voir si le monsieur qui a des serres est là, ils se disent deux mots et parfois il lui propose une tomate ou une salade qu’elle n’accepte pas toujours, elle se demande comment à deux ils peuvent manger autant de légumes. Le second croisement est à angle droit avec un stop, les automobilistes le respectent, c’est surtout au retour qu’elle doit faire attention à ceux qui rentrent de Lyon de leur travail et prennent le virage un peu brusque, surtout avec les voitures électriques qu’on n’entend pas. Maintenant c’est la meilleure partie, un chemin de terre qui longe une parcelle de pré et donne accès aux chemins dans les vergers de poiriers. Des pancartes annoncent que trois maisons vont y être construites et que l’accès sera réservé à l’agriculteur qui aura le code à cause de la servitude de passage. Sur la route en tête de parcelle des traits de couleurs vert, jaune, rouge, bleu, indique les futurs réseaux et le chemin de terre a été défoncé par l’installation d’un regard pour le réseau d’eau. Elle peut encore passer, mais ce n’est pas pratique. Où ira-t-elle se promener quand ce sera fermé avec une barrière et un code, elle se le demande. C’était le meilleur moment, avec de la vue, les poiriers changeant de jour en jour, un chemin enherbé, mais plat, les prés où broutaient les chevaux, parfois une ou deux génisses ou bien une mère et son petit. Quand tout sera enclos, elle en sera privée.
Oh j’aime beaucoup ton texte. Des sols surgissent une vraie histoire… Et quelle photo!!
merci Rebecca. la photo n’est malheureusement pas de moi, c’est elle qui m’a donné le texte.