Sol luisant sous la pluie, taches liquides où la platitude a cédé au vertige du temps, flaques d’eau dont on se dévie (Ah, être encore enfant et y plonger ses pieds sans peur du lendemain !) Soleil réfléchi sur la blancheur des blocs de pierres, sol éventré, d’où émanent des puanteurs profondes, boursouflé et meurtri par les racines des arbres qui prennent la ville d’assaut, sans un cri, les pieds soulèvent les feuilles jaunies, décomposées, en avançant vers l’hiver. Sol s’inclinant en douceur aux passages cloutés pour la descende sans heurt des fauteuils roulants, sol encombré de déchets laissés par les amoureux de la nuit, balayés au matin par une fureur grondante. Sol en pente abrupte vers les hauteurs la ville, on marche en courbant le dos et baissant la tête, las du chemin qui reste encore à faire. Sol inondé les soirs d’été, on cherche la fraicheur sous les arbres, le parfum de l’eau et de la terre. Sol où les pigeons meurent seuls, où les plus démunis se recroquevillent au ras du rien, la peau endurcie par l’attente. Sol désert aux hautes heures de la nuit, se déployant devant nos pas dans sa blancheur de marbre, silencieux et vide.
Bravo Helena. Trop forte
Merci, Ugo !
Beaucoup de poésie, de cette légèreté vers l’implacable fin de ton texte. Merci à toi pour avoir ouvert ce chemin!
Merci, Rebecca !
cette litanie des sols me touche infiniment
Merci, Nathalie ! En fait, ce n’est qu’un sol, mais vivant intensément ! 🙂
Avec toi, Héléna, la ville est toujours là, je veux dire densément présente,
Oui, Catherine, j’ai constamment la ville sous mes yeux et sous mes pieds ! Merci !
Oui. Densité et intensité dans ce texte !
Merci, Hélène !