#40jours #04 | dans la pente

© Muriel Boussarie, Paris, rue de Belleville, juin 2022

Trottoir en couches de bitume successives / épaisseurs d’éléphants / nappage noir sur revêtement usé / ourlets de lave séchée en bosses et replis sensibles à l’orteil fracturé ralenti dans la pente / macadam suturé de métal / grilles d’acier luisant sur le ventre enfoui de la ville / boucliers de cratères insondables / brillances d’huile évaporée / plaques de métal poinçonné / plaques rondes inoxydables / dates gravées dans l’asphalte pour mémoire grdf. Chaleur de béton et de bitume / enrobé de gravillons adhérant aux pas / freinant la descente / rigoles d’eau savonneuse filant dans la pente / concrétion de mégots incrustés dans le sol d’emballages de bonbons aplatis / mosaïque inattendue de carreaux roses émiettés / brins d’herbe surgis d’une fêlure / empreintes de semelles comme souvenirs de goudron frais / macadam fissuré / surface craquelée / lignes vertes et rouges tracées sur la peau du trottoir / pavés inégaux de granit ou de grès / minuscules rochers émergeant d’une ruelle

A propos de Muriel Boussarie

Je travaille sur un chantier d’écriture au long cours et j’espère avoir assez de souffle pour le mener à terme. L’intuition de ce projet a surgi ici, dans un atelier du Tiers Livre. Il était question de se perdre dans la ville. Comme je ne voulais pas suivre une piste trop autobiographique, j’ai délocalisé l’errance en la situant dans la ville de K., un avatar de Hong Kong qui m’avait tant fascinée. Alors un personnage, un homme, Tu, toujours interpellé, est immédiatement apparu dans une rue de K. où il s’était égaré. Malgré cette entrée en matière – très forte pour moi – je n’ai pas pensé au départ écrire une histoire, encore moins un livre. Mais je voulais écrire, rêver un univers, celui de K. Quelques textes ont ainsi vu le jour sur mon blog. Puis lors d’un nouvel atelier de François Bon, un fil d’histoire plus précis s’est ébauché : le départ de Tu et L. vers les îles pour fuir la dictature qui sévit à K. À ce moment-là s’est déclenché un grand désir de narration. Beaucoup de choses se sont précisées au fil de l’écriture, bien des personnages sont apparus… Et régulièrement j’utilise des consignes de l’atelier comme pistes pour développer mon récit.

2 commentaires à propos de “#40jours #04 | dans la pente”

  1. Merci beaucoup Helena d’être passée par là. Je vais bientôt lire vos textes, pour le moment j’essayais de combler un peu mon retard