Superposition des ombres, un couple et ses deux filles visiblement en vacances avec leur perche à selfie devant la bouche emblématique du métro art nouveau dit « entourage à écusson » une carte indique Pigalle, des panneaux dirigent à gauche vers les trois Baudets, Butte Montmartre, la Place de Clichy. Visiblement rien de sulfureux sur ce terre-plein qui parcourt en son milieu le boulevard de Clichy droit devant moi. Des platanes jeunes portent de bien hauts bouquets de feuilles claires. D’autres essences voisinent, trente-deux arbres visibles selon la carte des abattages phytosanitaires et des plantations de la ville de Paris. De part et d’autre des bancs, des lampadaires, tout le mobilier urbain réglementaire, des poubelles de ville. Un homme promène une laisse les yeux dans un vide que l’on devine être son chien, entre deux haies basses clairsemées, îlots de terre végétalisés d’espèces vertes raréfiées, sans fard, sans fleur exotique ni plante clinquante. Le boulevard file dans un sens et derrière en sens inverse. Rien n’évoque le nom du lieu : « en me voyant je sais ce que vous vous dîtes que je ne suis pas ce dont j’ai l’air, vous me jugez comment dire insolite ». Une longue façade de plusieurs immeubles haussmanniens reflète un blanc impeccable. Rien de semblable à droite où les façades alternent sans se ressembler en contraste de couleurs, des hauteurs de baies vitrées, des porches, quelques entrées. Au pied de ces façades courent les mêmes chaînes qu’ailleurs de boutiques boulangerie, épiceries, restaurants, vente à emporter, brasserie, pharmacie, facteur d’instruments de musique, les mêmes vitrines sauf une station avec deux pompes essence sur le trottoir du boulevard. Sur un panneau au début de l’allée piétonne centrale, –18ème Arr-t Promenade Coccinelle (Jacqueline, Charlotte Dufresnoy) 1931-2006 Artiste de Cabaret —, mais pas du Moulin Rouge à l’adresse du 82 Bd de Clichy que l’on ne voit pas d’ici, la Promenade Coccinelle c’est entre les numéros 2 et 16. Blonde incendiaire, la jolie fille avec un sexe d’homme sous la robe, du moins au début, elle se donnait en spectacle au Casino de Paris, à l’Olympia, au cabaret Mme Arthur. Le projet de délibe évoque célébrer son talent afin de rappeler le combat de la Ville de Paris contre toutes les formes de discrimination touchant les personnes LGBT. J’ai découvert à Paris d’autres promenades, Dora Bruder, Jeanne Moreau, Germaine Sablon, Signoret-Montand. Le combat des discriminations c’est heureusement une promenade pas une impasse, mais une promenade pourrait conduire aussi à un sentier un passage une ruelle.