EMA regarde, regarde mes mains, mes doigts galoches, ma peur talonne, ce geste imprécis ne l’écoute pas vraiment, fais semblant de dormir, ne te relève pas, jute à pencher la tête dans une orée de pluie, regarde large, déploie tes gammes EMA, EMA bassonne EMA clarinne, nos billes en tête et nos tympans cherchant la note, ta précision d’alto, EMA l’artistique 19ème à Paris, ta fleur fragile et ma mousson, EMA fleur de soif où crèvent les ardoises, EMA ma place des fêtes, monte la Tour d’Orient en orgue d’Arménie, ou plus douce, s’employant à vivre ailleurs, ta guitare planquée dans un coin de la ville.
EMA regarde-moi comme je t’envie, mon école hallucinée, l’Aulnay-sous-Bois, la fête du bruit s’allonge dans ta bouche, Va chante a capella la java d’églantines, au milieu des quartiers se tordent les guitares à battre la chamade, déjouant les mauvais sorts, les mauvais flips, les mauvais pas de travers dans ta vie, EMA passade et mon envie, à patauger sur les toits, l’arythmétique ambiance d’une fin d’année scolaire, quand les terrasses poussent en pleine rue, quand le désordre nouveau, quand les bières la citronnade, la ballade embiellée dans ta tête, EMA en ut mineur, EMA la quarte, pour qu’on y croie, pour tout larguer sur nos épaules.
EMA c’était avant, j’étais âgée déjà, ma première école de musique, près du port de Saint-Nazaire. Avec ma mère on faisait des kilomètres en voiture, on riait, on se racontait des histoires, les vitres noires dans les soirées d’hiver, on roulait bien une heure au moins, au milieu des marécages, toute l’eau plate parmi les joncs, les odeurs rustres de la raffinerie de Donges. Et ça arrivait, arrivait dans mes souvenirs, les bataillons des quatre doubles, croches pointées, fières digitales de solfège – les seuls vraiment que j’eusse aimés.
EMA veut dire Ecole de Musique Alasacienne mais non pas à Nantes
Ecole de Musique Appliquée comme vous l’avez été pour tout nous dire