Photo : Marc Guerra (détail)
Une couverture noire, un carnet de facturation peut-être, ou un carnet de commande, avec un double carbone, une écriture penchée sur la droite, l’obligation pour moi d’écrire penché sur la droite, au stylo ou au crayon ? Et si au stylo, bleu, de préférence, non ? Un titre en première page, lequel ? L’image qui ressuscite n’est-elle pas celle d’une page quadrillée ou rayée ? Rayée de rose… A voir. Mais où retrouver ce genre de carnet, cahier, facturier ? Si, j’ai une idée. Mais ce ne seront plus les mêmes. Enfin, où trouvai-je le temps d’écrire, et surtout seule dans cette maison ? Où ? A même le lit, allongée, probablement, ce grand lit partagé. Ou en haut d’un chêne truffier, assise de guingois à l’intérieur de la fourche de deux branches, les fesses griffées par les brindilles crochues et les feuilles drues. A douze ans, un roman policier, un titre, une histoire, des personnages, de l’action ! Et qu’est-il devenu ce roman ? A-t-il alimenté le feu destiné à éliminer nos souvenirs, notre enfance, notre jeunesse, ce grand feu qui dans la cour de la maison brûlait sous les assauts du mistral tout ce qui y était jeté, cahiers d’écolières, jouets, ballons, poupées, oursons ?