tu t’es demandé pourquoi cette cage l’oiseau sorti 17h. la cage puis les autres cages 17h. on t’a dit ici les vieux sortent les cages et les oiseaux dans les cages car les appartements sont trop petits. ici c’est pas les chiens tu vois c’est les oiseaux tu ne gardes que des oiseaux dans des cages dans ton appartement trop petit. toi tu sors tu respires alors tu sors avec ta cage. la cage avec l’oiseau à 17h il respire.
Hong Kong. 2014. 17h. Façade.
26ème étage. Y.. Porte 392C. Chambre.
Chambre sans la cage oiseau sorti 17h. Lit petit. Lampe journaux alignés. Y. aura fait son lit. Portrait. Femme. Clou au mur sans la cage. Y. seul derrière ses barreaux mais sa femme ?
12ème étage. L.. Porte 107B. Cuisine.
Cuisine sans la cage 17h. Odeur des plats. Boîte 1. Boîte 2. Boîte 3. Odeur. Table fouillis les fruits. Le journal posé jauni le rond visible la place de la cage. L. aura mangé devant la cage ?
Déplace toi.
3ème étage. Porte 85C. S.. Chambre.
Chaise. Non deux chaises. La seconde recouverte du linge bleu. Lit. Non pas de lit mais encore la chaise ici repliée. Un livre un seau. Le linge bleu son travail. L’armoire ouverte du linge encore bleu. Tu sais l’usine quand S. sort les autres aussi en bleu. Le clou la cage. Mais si c’est une chambre pourquoi S. est sans lit ?
Déplace toi tu ne vois pas. Tu ne sais pas.
42ème étage. E.. Porte 642C.
Je te vois tu attends E. sorti car 17h. Tu es dans la cuisine tu remues je te perds. Tu es dans la chambre ceux qui sortent les cages ont des appartements trop petits. Une cuisine une chambre. Retour cuisine. Je te vois. Gazinière feux éteints. Tu poses le bol jaune tu passes ton doigt la goutte. Tu bouges dans ta pièce trop petite. Tu touches la table. Plastique jaune traits rouges dessous les chaises. 4 chaises métal. Là deux bols sur la table mais sans goutte tu touches pas. Tu vois le frigo le linge suspendu les meubles métal les autres bols la colonne des boîtes la deuxième colonne des boîtes. Tu vois la planche là-bas face au vide car sans facade faut qu’elle voit elle sait pas. Elle sait pas ton ici ton appartement trop petit. Elle sait pas E. qui s’assoit là derrière sa planche quand il n’y a pas le vide. Toi sans E. sans la cage 17h tu tends tes bras. Tu vérifies l’espace. Tu touches le bol tu touches la goutte tu touches la gazinière les boîtes la table le frigo le linge suspendu la planche de E.. Sans la cage tes bras ne s’étirent pas. Tu veux la façade la cage et les petits barreaux. Le bout de bois l’oiseau suspendu qui se balance. Il touche ses graines il touche son eau. Il touche ses barreaux. Lui aussi sa petite cage. Sa cage dans tes propres barreaux c’est ton espace quand tu étires tes bras.
Quel style Incroyable !
J’aime beaucoup ce texte qui me transporte dans les petites cages.
Merci !
merci beaucoup ça donne l’élan pour la suite ! j’ai ajouté la photo de la cage
Comment ne pas penser à l’oiseau de l’empereur. La forêt où s’enfuir manque cruellement dans votre version. Mais ce texte est plaisant, inspirant.
Le rossignol et l’Empereur
Hans Christian Andersen (1805-1875)
Vous savez qu’en Chine, l’empereur est un Chinois, et tous ses sujets sont des Chinois.
Il y a de longues années, et justement parce qu’il y a très longtemps, je veux vous raconter cette histoire avant qu’on ne l’oublie.
Le palais de l’empereur était le plus beau du monde, entièrement construit de la plus fine porcelaine – il fallait d’ailleurs y faire très attention.
Dans le jardin poussaient des fleurs merveilleuses; et afin que personne ne puisse passer sans les remarquer, on avait attaché aux plus belles d’entre-elles des clochettes d’argent qui tintaient délicatement. Vraiment, tout était magnifique dans le jardin de l’empereur, et ce jardin s’étendait si loin, que même le jardinier n’en connaissait pas la fin. En marchant toujours plus loin, on arrivait à une merveilleuse forêt, où il y avait de grands arbres et des lacs profonds. Et cette forêt s’étendait elle-même jusqu’à la mer, bleue et profonde. De gros navires pouvaient voguer jusque sous les branches où vivait un rossignol. Il chantait si divinement que même le pauvre pêcheur, qui avait tant d’autres choses à faire, ne pouvait s’empêcher de s’arrêter et de l’écouter lorsqu’il sortait la nuit pour retirer ses filets. « Mon Dieu ! Comme c’est beau ! « , disait-il. Mais comme il devait s’occuper de ses filets, il oubliait l’oiseau. Les nuits suivantes, quand le rossignol se remettait à chanter, le pêcheur redisait à chaque fois : « Mon Dieu ! Comme c’est beau ! «
Des voyageurs de tous les pays venaient dans la ville de l’empereur et s’émerveillaient devant le château et son jardin; mais lorsqu’ils finissaient par entendre le Rossignol, ils disaient tous : « Voilà ce qui est le plus beau ! « Lorsqu’ils revenaient chez-eux, les voyageurs racontaient ce qu’ils avaient vu et les érudits écrivaient beaucoup de livres à propos de la ville, du château et du jardin. Mais ils n’oubliaient pas le rossignol : il recevait les plus belles louanges et ceux qui étaient poètes réservaient leurs plus beaux vers pour ce rossignol qui vivaient dans la forêt, tout près de la mer.
Les livres se répandirent partout dans le monde, et quelques-uns parvinrent un jour à l’empereur. Celui-ci s’assit dans son trône d’or, lu, et lu encore. À chaque instant, il hochait la tête, car il se réjouissait à la lecture des éloges qu’on faisait sur la ville, le château et le jardin. « Mais le rossignol est vraiment le plus beau de tout ! » , y était-il écrit.
« Quoi ? » , s’exclama l’empereur. « Mais je ne connais pas ce rossignol ! Y a-t-il un tel oiseau dans mon royaume, et même dans mon jardin ? Je n’en ai jamais entendu parler ! »
Il appela donc son chancelier. Celui-ci était tellement hautain que, lorsque quelqu’un d’un rang moins élevé osait lui parler ou lui poser une question, il ne répondait rien d’autre que : « P ! » Ce qui ne voulait rien dire du tout.
« Il semble y avoir ici un oiseau de plus remarquables qui s’appellerait Rossignol ! » , dit l’empereur. « On dit que c’est ce qu’il y de plus beau dans mon grand royaume; alors pourquoi ne m’a-t-on rien dit à ce sujet ? » « Je n’ai jamais entendu parler de lui auparavant » , dit le chancelier. « Il ne s’est jamais présenté à la cour ! »
« Je veux qu’il vienne ici ce soir et qu’il chante pour moi ! » , dit l’empereur. « Le monde entier sait ce que je possède, alors que moi-même, je n’en sais rien ! »
« Je n’ai jamais entendu parler de lui auparavant « , redit le chancelier. « Je vais le chercher, je vais le trouver ! »
Mais où donc le chercher ? Le chancelier parcourut tous les escaliers de haut en bas et arpenta les salles et les couloirs, mais aucun de ceux qu’il rencontra n’avait entendu parler du rossignol. Le chancelier retourna auprès de l’empereur et lui dit que ce qui était écrit dans le livre devait sûrement n’être qu’une fabulation. « Votre Majesté Impériale ne devrait pas croire tout ce qu’elle lit; il ne s’agit là que de poésie ! «
« Mais le livre dans lequel j’ai lu cela, dit l’empereur, m’a été expédié par le plus grand Empereur du Japon; ainsi ce ne peut pas être une fausseté. Je veux entendre le rossignol; il doit être ici ce soir ! Il a ma plus haute considération. Et s’il ne vient pas, je ferai piétiner le corps de tous les gens de la cour après le repas du soir. «
« Tsing-pe ! « , dit le chancelier, qui s’empressa de parcourir de nouveau tous les escaliers de haut en bas et d’arpenter encore les salles et les couloirs. La moitié des gens de la cour alla avec lui, car l’idée de se faire piétiner le corps ne leur plaisaient guère. Ils s’enquirent du remarquable rossignol qui était connu du monde entier, mais inconnu à la cour.
Finalement, ils rencontrèrent une pauvre fillette aux cuisines. Elle dit : « Mon Dieu, Rossignol ? Oui, je le connais. Il chante si bien ! Chaque soir, j’ai la permission d’apporter à ma pauvre mère malade quelques restes de table; elle habite en-bas, sur la rive. Et lorsque j’en reviens, fatiguée, et que je me repose dans la forêt, j’entends Rossignol chanter. Les larmes me montent aux yeux; c’est comme si ma mère m’embrassait ! »
« Petite cuisinière, dit le chancelier, je te procurerai un poste permanent aux cuisines et t’autoriserai à t’occuper des repas de l’empereur, si tu nous conduis auprès de Rossignol; il doit chanter ce soir. »
Alors, ils partirent dans la forêt, là où Rossignol avait l’habitude de chanter; la moitié des gens de la cour suivit. Tandis qu’ils allaient bon train, une vache se mit à meugler.
« Oh ! » , dit un hobereau. « Maintenant, nous l’avons trouvé; il y a là une remarquable vigueur pour un si petit animal ! Je l’ai sûrement déjà entendu ! »
« Non, dit la petite cuisinière, ce sont des vaches qui meuglent. Nous sommes encore loin de l’endroit où il chante. »
Puis, les grenouilles croassèrent dans les marais. « Merveilleux ! » , s’exclama le prévôt du château. » Là, je l’entends; cela ressemble justement à de petites cloches de temples. »
« Non, ce sont des grenouilles ! « , dit la petite cuisinière. « Mais je pense que bientôt nous allons l’entendre ! « À ce moment, Rossignol se mit à chanter.
« C’est lui, dit la petite fille. Ecoutez ! Ecoutez ! Il est là ! « Elle montra un petit oiseau gris qui se tenait en-haut dans les branches.
« Est-ce possible ? » , dit le chancelier. « Je ne l’aurais jamais imaginé avec une apparence aussi simple. Il aura sûrement perdu ses couleurs à force de se faire regarder par tant de gens ! »
« Petit Rossignol, cria la petite cuisinière, notre gracieux Empereur aimerait que tu chantes devant lui ! »
« Avec le plus grand plaisir » , répondit Rossignol. Il chanta et ce fut un vrai bonheur. « C’est tout à fait comme des clochettes de verre ! » , dit le chancelier. « Et voyez comme sa petite gorge travaille fort ! C’est étonnant que nous ne l’ayons pas aperçu avant; il fera grande impression à la cour ! » « Dois-je chanter encore pour l’Empereur ? » , demanda Rossignol, croyant que l’empereur était aussi présent.
« Mon excellent petit Rossignol, dit le chancelier, j’ai le grand plaisir de vous inviter à une fête ce soir au palais, où vous charmerez sa Gracieuse Majesté Impériale de votre merveilleux chant ! «
« Mon chant s’entend mieux dans la nature ! » , dit Rossignol, mais il les accompagna volontiers, sachant que c’était le souhait de l’empereur.
Au château, tout fut nettoyé; les murs et les planchers, faits de porcelaine, brillaient sous les feux de milliers de lampes d’or. Les fleurs les plus magnifiques, celles qui pouvaient tinter, furent placées dans les couloirs. Et comme il y avait là des courants d’air, toutes les clochettes tintaient en même temps, de telle sorte qu’on ne pouvait même plus s’entendre parler.
Au milieu de la grande salle où l’empereur était assis, on avait placé un perchoir d’or, sur lequel devait se tenir Rossignol. Toute la cour était là; et la petite fille, qui venait de se faire nommer cuisinière de la cour, avait obtenu la permission de se tenir derrière la porte. Tous avaient revêtu leurs plus beaux atours et regardaient le petit oiseau gris, auquel l’empereur fit un signe.
Le rossignol chanta si magnifiquement, que l’empereur en eut les larmes aux yeux. Les larmes lui coulèrent sur les joues et le rossignol chanta encore plus merveilleusement; cela allait droit au coeur. L’empereur fut ébloui et déclara que Rossignol devrait porter au coup une pantoufle d’or. Le Rossignol l’en remercia, mais répondit qu’il avait déjà été récompensé : « J’ai vu les larmes dans les yeux de l’Empereur et c’est pour moi le plus grand des trésors ! Oui ! J’ai été largement récompensé ! » Là-dessus, il recommença à chanter de sa voix douce et magnifique.
« C’est la plus adorable voix que nous connaissons ! » , dirent les dames tout autour. Puis, se prenant pour des rossignols, elles se mirent de l’eau dans la bouche de manière à pouvoir chanter lorsqu’elles parlaient à quelqu’un. Les serviteurs et les femmes de chambres montrèrent eux aussi qu’ils étaient joyeux; et cela voulait beaucoup dire, car ils étaient les plus difficiles à réjouir. Oui, vraiment, Rossignol amenait beaucoup de bonheur.
À partir de là, Rossignol dut rester à la cour, dans sa propre cage, avec, comme seule liberté, la permission de sortir et de se promener deux fois le jour et une fois la nuit. On lui assigna douze serviteurs qui le retenaient grâce à des rubans de soie attachés à ses pattes. Il n’y avait absolument aucun plaisir à retirer de telles excursions.
Un jour, l’empereur reçut une caisse, sur laquelle était inscrit : « Le rossignol » .
« Voilà sans doute un nouveau livre sur notre fameux oiseau ! » , dit l’empereur. Ce n’était pas un livre, mais plutôt une oeuvre d’art placée dans une petite boîte : un rossignol mécanique qui imitait le vrai, mais tout sertis de diamants, de rubis et de saphirs. Aussitôt qu’on l’eut remonté, il entonna l’un des airs que le vrai rossignol chantait, agitant la queue et brillant de mille reflets d’or et d’argent. Autour de sa gorge, était noué un petit ruban sur lequel était inscrit : « Le rossignol de l’Empereur du Japon est bien humble comparé à celui de l’Empereur de Chine. »
Tous s’exclamèrent : « C’est magnifique ! » Et celui qui avait apporté l’oiseau reçu aussitôt le titre de « Suprême Porteur Impérial de Rossignol » .
« Maintenant, ils doivent chanter ensembles ! Comme ce sera plaisant ! »
Et ils durent chanter en duo, mais ça n’allait pas. Car tandis que le vrai rossignol chantait à sa façon, l’automate, lui, chantait des valses. « Ce n’est pas de sa faute ! » , dit le maestro, « il est particulièrement régulier, et tout-à-fait selon mon école ! » Alors l’automate dut chanter seul. Il procura autant de joie que le véritable et s’avéra plus adorable encore à regarder; il brillait comme des bracelets et des épinglettes.
Il chanta le même air trente-trois fois sans se fatiguer; les gens auraient bien aimé l’entendre encore, mais l’empereur pensa que ce devait être au tour du véritable rossignol de chanter quelque chose. Mais où était-il ? Personne n’avait remarqué qu’il s’était envolé par la fenêtre, en direction de sa forêt verdoyante.
« Mais que se passe-t-il donc ? » , demanda l’empereur, et tous les courtisans grognèrent et se dirent que Rossignol était un animal hautement ingrat. « Le meilleur des oiseaux, nous l’avons encore ! » , dirent-ils, et l’automate dut recommencer à chanter. Bien que ce fut la quarante-quatrième fois qu’il jouait le même air, personne ne le savait encore par coeur; car c’était un air très difficile. Le maestro fit l’éloge de l’oiseau et assura qu’il était mieux que le vrai, non seulement grâce à son apparence externe et les nombreux et magnifiques diamants dont il était serti, mais aussi grâce à son mécanisme intérieur. « Voyez, mon Souverain, Empereur des Empereurs ! Avec le vrai rossignol, on ne sait jamais ce qui en sortira, mais avec l’automate, tout est certain : on peut l’expliquer, le démonter, montrer son fonctionnement, voir comment les valses sont réglées, comment elles sont jouées et comment elles s’enchaînent ! »
« C’est tout-à-fait notre avis ! » , dit tout le monde, et le maestro reçu la permission de présenter l’oiseau au peuple le dimanche suivant. Le peuple devait l’entendre, avait ordonné l’empereur, et il l’entendit. Le peuple était en liesse, comme si tous s’étaient enivrés de thé, et tous disaient : « Oh ! » , en pointant le doigt bien haut et en faisant des signes. Mais les pauvres pêcheurs, ceux qui avaient déjà entendu le vrai rossignol, dirent : « Il chante joliment, les mélodies sont ressemblantes, mais il lui manque quelque chose, nous ne savons trop quoi ! »
Le vrai rossignol fut banni du pays et de l’empire. L’oiseau mécanique eut sa place sur un coussin tout près du lit de l’empereur, et tous les cadeaux que ce dernier reçu, or et pierres précieuses, furent posés tout autour. L’oiseau fut élevé au titre de « Suprême Rossignol Chanteur Impérial » et devint le Numéro Un à la gauche de l’empereur – l’empereur considérant que le côté gauche, celui du coeur, était le plus distingué, et qu’un empereur avait lui aussi son coeur à gauche. Le maestro rédigea une oeuvre en vingt-cinq volumes sur l’oiseau. C’était très savant, long et remplis de mots chinois parmi les plus difficiles; et chacun prétendait l’avoir lu et compris, craignant de se faire prendre pour un idiot et de se faire piétiner le corps.
Une année entière passa. L’empereur, la cour et tout les chinois connaissaient par coeur chacun des petits airs chantés par l’automate. Mais ce qui leur plaisaient le plus, c’est qu’ils pouvaient maintenant eux-mêmes chanter avec lui, et c’est ce qu’ils faisaient. Les gens de la rue chantaient : « Ziziiz ! Kluckkluckkluck ! » , et l’empereur aussi. Oui, c’était vraiment magnifique !
Mais un soir, alors que l’oiseau mécanique chantait à son mieux et que l’empereur, étendu dans son lit, l’écoutait, on entendit un « cric » venant de l’intérieur; puis quelque chose sauta : « crac ! » Les rouages s’emballèrent, puis la musique s’arrêta.
L’empereur sauta immédiatement hors du lit et fit appeler son médecin. Mais que pouvait-il bien y faire ? Alors on amena l’horloger, et après beaucoup de discussions et de vérifications, il réussit à remettre l’oiseau dans un certain état de marche. Mais il dit que l’oiseau devait être ménagé, car les chevilles étaient usées, et qu’il était impossible d’en remettre de nouvelles. Quelle tristesse ! À partir de là, on ne put faire chanter l’automate qu’une fois l’an, ce qui était déjà trop. Mais le maestro tint un petit discourt, tout plein de mots difficiles, disant que ce serait aussi bien qu’avant; et ce fut aussi bien qu’avant.
Puis, cinq années passèrent, et une grande tristesse s’abattit sur tout le pays. L’empereur, qui occupait une grande place dans le coeur de tous les chinois, était maintenant malade et devait bientôt mourir. Déjà, un nouvel empereur avait été choisi, et le peuple, qui se tenait dehors dans la rue, demandait au chancelier comment se portait son vieil empereur.
« P ! » , disait-il en secouant la tête.
L’empereur, froid et blême, gisait dans son grand et magnifique lit. Toute la cour le croyait mort, et chacun s’empressa d’aller accueillir le nouvel empereur; les serviteurs sortirent pour en discuter et les femmes de chambres se rassemblèrent autour d’une tasse de café. Partout autour, dans toutes les salles et les couloirs, des draps furent étendus sur le sol, afin qu’on ne puisse pas entendre marcher; ainsi, c’était très silencieux. Mais l’empereur n’était pas encore mort : il gisait, pâle et glacé, dans son magnifique lit aux grands rideaux de velours et aux passements en or massif. Tout en haut, s’ouvrait une fenêtre par laquelle les rayons de lune éclairaient l’empereur et l’oiseau mécanique.
Le pauvre empereur pouvait à peine respirer; c’était comme si quelque chose ou quelqu’un était assis sur sa poitrine. Il ouvrit les yeux, et là, il vit que c’était la Mort. Elle s’était coiffée d’une couronne d’or, tenait dans une main le sabre de l’empereur, et dans l’autre, sa splendide bannière. De tous les plis du grand rideau de velours surgissaient toutes sortes de têtes, au visage parfois laid, parfois aimable et doux. C’étaient les bonnes et les mauvaises actions de l’empereur qui le regardaient, maintenant que la Mort était assise sur son coeur.
« Te souviens-tu d’elles ? » , dit la Mort. Puis, elle lui raconta tant de ses actions passées, que la sueur en vint à lui couler sur le front.
« Cela je ne l’ai jamais su ! » , dit l’empereur. « De la musique ! De la musique ! Le gros tambour chinois » , cria l’empereur, « pour que je ne puisse entendre tout ce qu’elle dit ! »
Mais la Mort continua de plus belle, en faisant des signes de tête à tout ce qu’elle disait.
« De la musique ! De la musique ! » , criait l’empereur. « Toi, cher petit oiseau d’or, chante donc, chante ! Je t’ai donné de l’or et des objets de grande valeur, j’ai suspendu moi-même mes pantoufles d’or à ton cou; chante donc, chante ! »
Mais l’oiseau n’en fit rien; il n’y avait personne pour le remonter, alors il ne chanta pas. Et la Mort continua à regarder l’empereur avec ses grandes orbites vides. Et tout était calme, terriblement calme.
Tout à coup, venant de la fenêtre, on entendit le plus merveilleux des chants : c’était le petit rossignol, plein de vie, qui était assis sur une branche. Ayant entendu parler de la détresse de l’empereur, il était venu lui chanter réconfort et espoir. Et tandis qu’il chantait, les visages fantômes s’estompèrent et disparurent, le sang se mit à circuler toujours plus vite dans les membres fatigués de l’empereur, et même la Mort écouta et dit : « Continue, petit rossignol ! Continue ! »
« Bien, me donnerais-tu le magnifique sabre d’or ? Me donnerais-tu la riche bannière ? Me donnerais-tu la couronne de l’empereur ? »
La Mort donna chacun des joyaux pour un chant, et Rossignol continua à chanter. Il chanta le tranquille cimetière où poussent les roses blanches, où les lilas embaument et où les larmes des survivants arrosent l’herbe fraîche. Alors la Mort eut la nostalgie de son jardin, puis elle disparut par la fenêtre, comme une brume blanche et froide.
« Merci, merci ! » dit l’empereur. « Toi, divin petit oiseau, je te connais bien ! Je t’ai banni de mon pays et de mon empire, et voilà que tu chasses ces mauvais esprits de mon lit, et que tu sors la Mort de mon coeur ! Comment pourrais-je te récompenser ? »
« Tu m’as récompensé ! » , répondit Rossignol. « J’ai fait couler des larmes dans tes yeux, lorsque j’ai chanté la première fois. Cela, je ne l’oublierai jamais; ce sont là les joyaux qui réjouissent le coeur d’un chanteur. Mais dors maintenant, et reprend des forces; je vais continuer à chanter ! »
Il chanta, et l’empereur glissa dans un doux sommeil; un sommeil doux et réparateur !
Le soleil brillait déjà par la fenêtre lorsque l’empereur se réveilla, plus fort et en bonne santé. Aucun de ses serviteurs n’était encore venu, car ils croyaient tous qu’il était mort. Mais Rossignol était toujours là et il chantait. « Tu resteras toujours auprès de moi !, dit l’empereur. Tu chanteras seulement lorsqu’il t’en plaira, et je briserai l’automate en mille morceaux. »
« Ne fait pas cela » , répondit Rossignol. « Il a apporté beaucoup de bien, aussi longtemps qu’il a pu; conserve-le comme il est. Je ne peux pas nicher ni habiter au château, mais laisse moi venir quand j’en aurai l’envie. Le soir, je viendrai m’asseoir à la fenêtre et je chanterai devant toi pour tu puisses te réjouir et réfléchir en même temps. Je chanterai à propos de bonheur et de la misère, du bien et du mal, de ce qui, tout autour de toi, te reste caché. Un petit oiseau chanteur vole loin, jusque chez le pauvre pêcheur, sur le toit du paysan, chez celui qui se trouve loin de toi et de ta cour. J’aime ton coeur plus que ta couronne, même si la couronne a comme une odeur de sainteté autour d’elle. Je reviendrai et chanterai pour toi ! Mais avant, tu dois me promettre ! »
« Tout ce que tu voudras ! » , dit l’empereur. Il était debout dans son costume impérial, qu’il venait d’enfiler, et tenait sur son coeur le sabre alourdi par l’or. « Je te demande de ne révéler à personne que tu as un petit oiseau qui te raconte tout. Alors, tout ira mieux ! »
Puis, Rossignol s’envola.
Les serviteurs entraient pour voir leur empereur mort. Ils étaient là, debout devant lui, étonnés.
Et lui leur dit, simplement : « Bonjour ! »
Merci du cadeau, Marie-Thérèse. Tout à fait inattendu, trouvé par hasard…
merci beaucoup belle lecture
Ah oui, si on suit la consigne ça peut être très très bien. Grand étonnement du texte qu’elle a produit à propos d’espace réduit, tout l’imaginaire qu’il dégage. Merci vraiment.
Le style oui. La cage en motif. La récurrence des ellipses . Merci Bérénice
merci Nathalie. Je lis chaque jour tes textes.