De la cavité étroite sort le premier cri. Le désir d’être au monde commence toujours par un cri. Et la face de la nouvelle vivante est rouge de colère. Elle cherche le sein de sa mère qui lui offre sans tendresse, allongée dans le lit conjugal où toutes les épreuves se rassemblent trop souvent. Elle compte : c’est déjà la troisième fille qu’elle sort de son ventre et celle-là fait trembler les murs de sa maison-cage. La petite baraque au sommet d’une butte pourrait être riche de sa solitude mais elle se vit comme une tombe par la mère qui déjà s’échappe en rêverie sourde. Demain elle partira. Demain elle traversera le village minier colonisé par la misère ; elle montera dans le tram qui l’enlèvera à sa couche et coupera la Belgique en deux pour aller se terrer dans le silence. On pourra la chercher ici ou ailleurs, sur cette terre ou une autre, elle sait que l’univers entier ne lui pardonnera pas l’abandon qu’elle s’apprête à faire. Et elle s’en fout.
Texte coup de poing. Bravo
Oh merci Véronique
Magnifique
extra !