On n’y prête pas attention, il fait partie de la rue, scellé à son bitume, dôme de pierre grise à l’ouverture fermée par des barreaux de fer comme un blockhaus miniature, une cellule échappée de sa prison : au regard du chat qui dort se regroupaient les canalisations en terre cuite qui alimentaient les fontaines à partir des sources de Lafond, quartier de La Rochelle.
Les aires saunantes s’enlacent, étincellent au déclin du jour, animent simoussi, lousse et brouette, voyagent dans le vent et les bosses de terre, ici, il y a l’eau, la vasière, la saline et les œillets, il y avait Aristide, Renée et Robert, il y aura le chant des aigrettes et la suspension du temps : Marais salants d’Ars en Ré, route de la Prée.
Chaud ! Chaud ! la terrasse bondée, les chaises colorées, les habitués accoudés au comptoir, chaud ! le bitume de la rue devenue piétonnière, l’accordéoniste et la tournée renouvelée, chaud ! le plateau passant au-dessus des têtes, la pression du percolateur et de la tireuse à bière, chaud ! le panier de fruits et légumes, le bouquet de fleurs des champs, chaud ! le patron sarcastique entre frigos et vapeur d’eau, chaud ! le baby-foot poussé contre le mur le dimanche, chaud ! chaud ! devant, chaud ! : au Bar du Saint Aubin, rue Maury, 31000 Toulouse.
Un haut portail de bois à la peinture écaillée soutenu par deux piliers de pierre grise, une descente de voiture menant à un jardin fruitier, la maison d’habitation sur la gauche, sur la droite, jadis deux chambres pour loger le jardinier, une écurie et un pigeonnier, devenus entrepôts de meubles et objets inutilisés, garage d’une 2 CV verte, lieux mystérieux et obscurs habités d’araignées et de poussière humide où j’allais me cacher, puis démolis pour élargir le passage, mais à cette époque, mes pas ne couraient plus dans l’allée : 115 rue Marius Lacroix, La Rochelle.
Une plage étroite logée dans l’anse de Pampin, ni sable fin, ni transat multicolore, une halte le temps de poser le vélo sur le sentier, abandonner la serviette, rouler sous les galets et la force des vagues les « plastiques » aux pieds, dénicher des « grains de café » (Trivia arctica) porte-bonheur, se sentir seule face au large, découvrir un galet en forme de cœur, le ranger au fond de la poche de son short, pédaler les cheveux mouillés d’embruns, y retourner car jamais on ne se lasse de ce paysage, marée basse ou marée haute : Plage des galets, 17000 L’Houmeau.
Le son circule si doux, c’est à oubier le corps du mot, juste la digue et du flot, seriez la voix de loin revenue, Clara Schumann, serait revenue vous voir, avec vos histoires d’îles