Comment tu t’es débrouillé ? Qu’est-ce qui t’a pris ? Tu le sais pourtant ? Tes copains le savent, pas d’embrouille ? Tu n’as pas vu venir ? À vingt et un ans, tu ne réponds pas ? Tu ne sais pas ? Allez, tu nous connais depuis longtemps, tu en as parlé avec Oran ? Vous avez fait les quatre cents coups ensemble, tu t’en rappelles ? Et les branlées de ton père, non ? Quand il te frappait, tu pensais quoi ? Vivement que je me tire ? Parle toujours, je m’en fiche ? Non, tu pensais quoi ? Vous vous entendiez bien avant ? Quand ça s’est gâté ? Dis, mon grand, tu ne réponds rien ? Jusqu’à quand tu vas te taire ? Toute cette rage, ta colère, on sait, mais toi, d’où elle te vient ? Ça a commencé quand ? À l’école? Plutôt au collège ? Avec ta mobylette, tu ne faisais pas ça ? À quinze ans, tu as bien fait de la boxe ? Tu aimais ça, il me semble ? Depuis quand tu as peur de la police ? Tu sais quand même qu’elle n’est plus par là depuis longtemps ? Pourquoi tu t’es sauvé ? Si vite ? Oh la la ! au point de te foutre dans cette rambarde ? T’as pas calculé ? Et tes copains, ils ne t’ont pas arrêté ? Ou bien tu as fait la sourde oreille ? Ils auraient pu t’arrêter, tu crois ? Tu t’es rendu compte que tu allais passer par-dessus bord ? Tu t’es vu tomber sur les rails ? Oh la la ! je dis n’importe quoi, hein ? Pourquoi tu t’obstines à te taire ? Tu n’as pas réalisé encore ? Tu ne sais pas quoi dire? Tu dirais quoi si tu pouvais ? Vas-y, on est presque ta famille ? Dis, parle-nous, tu veux ? Tu veux qu’on te laisse ? Mais tu ne vas pas être tranquille, si on te laisse là maintenant ? Et ta mère, tu veux bien la voir ? Non ? Pas tout de suite ? Alors Oran ? Sinon tu vas faire quoi ? Là, dans ce lit ? Attendre ? Mon grand tu vas réagir ? Tu me diras plus tard, tu ne crois pas ? C’est trop tôt là ? Tu crois que je vais te lâcher comme ça ? Et ton père, tu penses à ton père ? C’est pas toi qui l’as accompagné quand il a perdu son boulot ? C’est pas toi qui l’as veillé toute une nuit, vous aviez peur qu’il y reste quand il a eu son AVC ? Et c’est peut-être pas toi qui l’as accompagné en Turquie quand ton grand-père est mort ? Ceci dit si on additionnait toutes vos conneries… mais qu’est-ce que tu crois ? On en est tous là, c’est dans dix ans qu’on apprendra toutes les tiennes ? Ou dans vingt ans ? Et les miennes tu crois que tu les sauras un jour ? En attendant, mon grand, qu’est-ce qui te ferait plaisir pour demain ?
Toutes les questions dessinent un beau portrait et racontent une histoire tendue mais tendre.
Merci pour ce bon moment de lecture !
Je te remercie, Fil. Pour la tension et la tendresse.
deux coups sur coups – ça cogne, Simone – moi j’adore – chacun.e son rythme, tu sais bien – trop bien !
Oh Piero, j’adore tes commentaires. Et oui, j’ai perdu le rythme de #12 à #25, je ne pouvais plus, même le zoom. Merci pour ton trop bien.
Ah bien oui Simone, pour une fois que j’en suis vraiment, faut que tu disparaisses. Texte très touchant (comme toujours) et plein de nuances
J’ai bien vu que tu étais de nouveau là. J’ai disparu momentanément à la 12 je ne pouvais plus ni écrire, ni écouter les zooms . Alors je prends en route, j’aime bien être avec vous tous.
Très beau texte, qui décrit si bien les ambiguïtés des relations humaines. Merci, Simone, et contente de vous retrouver !
Merci Helena. ( Je n’arrivai plus à tenir le rythme, j’ai tellement de lacunes. Mais c’est ainsi, et je suis tellement heureuse d’être avec vous tous.) Je te lis mais pas toujours, mais ça reviendra. Tu écris des textes très forts.