Dans l’eau, pas de traces. Il n’y a même pas eu de sang, ce jour-là, et s’il y en avait eu, il aurait été nettoyé par le système de filtration…Elle observe les baigneurs insouciants. Ils ne voient qu’un espace de détente-certes minimaliste, c’est la piscine du coin, mais on s’en contente-, un simple rectangle, pas de SPA-sauna- jacuzzi. Juste une piscine municipale de petite ville. Elle en veut aux sourires, aux éclats de rires, aux ploufs indécents. Pourtant elle avait besoin de revenir, pour régler ses comptes avec cette eau maudite et silencieuse, cette eau qui ne dévoilera plus jamais son secret, qui aura fait dire tout et n’importe quoi aux journalistes amateurs du Progrès- les cheveux se sont coincés dans le filtre, elle a dû faire un arrêt avant, pourtant elle savait nager, on l’aura poussé, on a compté les enfants dans le bus avant de sentir la mort, les parents ne porteront pas plainte, ils sont cathos, ils pardonnent déjà, oui vous savez c’est la famille X, je connais la mère, elle est dans l’association, et la grande sœur faisait de la danse à la MJC, oui les pauvres, quelle histoire… Elle a envie de leur dire ta gueule mais elle se tait et porte des fleurs, à l’aube, sur la petite tombe. Personne ne sait mais tout le monde a dit, écrit, commenté. A gerber . Aujourd’hui, on nage avec ignorance dans l’eau chlorée. La piscine a même été rénovée, il paraît. Le maître-nageur est revenu. On a oublié, ou on fait comme si. Quatre euros l’entrée, oui c’est moins cher par paquet de 10, avec une réduction ? Vous avez un justificatif ? Le flux et le reflux de la piscine municipale a balayé la mort en moins de deux.
J’ai beaucoup aimé, j’aimerais lire la suite. Si ça peut t’aider, on dit que l’eau a de la mémoire…
Merci Jean Luc pour ton commentaire qui aide à tous points de vue…alors j’espère que l’eau ultrachlorée aussi a de la mémoire…quant à la suite des histoires de filles du coin..il est possible que cela arrive oui..
La mort réelle des petites filles. Ça ferait une bonne suite au bouquin de Chantal Thomas !
ah oui! merci Emmanuelle pour ta lecture…oui la mort réelle des petites filles du coin…
Belle évocation des piscines municipales. Connais-tu le livre « lodeur du chlore » d’Irma Pelatan; ça se passe à la piscine de Firminy.
Oui, je crois même que c’était grâce à toi, il me semble car j’avais dû évoquer déjà une piscine et nous en avions parlé. Les piscines du coin!! Alors je l’avais lu! Merci Danièle !!
cool. je radote mais ce livre m’a beaucoup plu.