Un fusil de pierre est tenu d’une main de pierre par un soldat de pierre à la gueule tragique, les autres gueules aussi, des gars très réalistes, « Enfants des Bouches-du-Rhône morts pour la France pendant la guerre de 1870-1871 » avec leur barda, leur béret, leur képi, il y en a même un avec un casque à plumet, façon guerrier antique : les surmonte une France de bronze, étendard à l’épaule, dont la jupe longue, bien que figée dans le métal, a un drapé tout en mouvement, allons, allons, elle tend le bras, le glaive nu pointé vers le portail en ogive de l’église des Réformés avec ses deux clochers fuselés contre le ciel toujours bleu qui domine Marseille : la ville s’étale de tout son long entre mer et collines, un cargo quitte le quai d’Arenc, sa route tracée, à coup d’ondes en allers-retours entre balises et satellites, à travers l’aplat bleu qui figure la mer, au sud la ligne blanche des rivages africains, au nord les contours compliqués des côtes de l’Europe représentée en vert, à l’Est la mer noire : il flotte dans l’air des poussières de portes, des poussières de port, des poussières de mort, la poudre du désespoir des gens de Marioupol.
Un épisode que j’ignorais cette mobilisation en masse des provençaux pour la défense du territoire en 1870 !
https://www.bouches-du-rhone.gouv.fr/content/download/2025/12006/file/La%20guerre%20de%201870-1871.pdf