Trois marques. Trois marques au plafond qu’on n’aperçoit qu’allongé sur le lit grinçant. Trois marques sur le plafond parcouru de fissures (la plus longue serpente et se divise en delta de quatre bras). Trois marques au plafond qui s’écaille, trois marques rouges. La première est une parenthèse fermante – la marque qu’un pouce a dessiné d’un trait ferme, sans repentir. La seconde est une éclaboussure de rouge, une tache ronde, de la taille d’une paume, d’où partent des rayons plus clairs qui finissent par se fondre dans le blanc du plafond. La troisième est une empreinte de doigts : les quatre phalanges encrées des formulaires (le pouce est absent). En montant sur un tabouret une lampe à la main on découvre la précision des sinuosités de l’index, du majeur – lignes courbes et spirales d’un carmin profond. Signature indélébile. Depuis le lit grinçant, lorsqu’il pleut dehors, les marques sont noires – obscurités supplémentaires données à la chambre. Un matin ensoleillé les voici éclatantes – projections vives sur le plafond humide qui, un jour au l’autre, finira par s’effondrer. La nuit, lorsque les phares des voitures tracent au plafond des rayures mouvantes, les marques rouges prennent vie. Elles dansent.
Inquiétante étrangeté que ces marques digitales au plafond.