Avant d’écrire, d’abord, lire où souffrir.
Rêver n’être que mystère, justicière masquée la nuit. Double vie.
Rêver n’être que désir, quand le saphir se pose sur le vinyle, les toilettes très loin au bout du couloir qui annoncent la solitude à deux quand, bientôt, on ne s’aimera plus.
Caresser l’idée de n’être plus que chienne, dans la liesse de la laisse, attachée à maître Pierre, sortir du restaurant à quatre pattes pour rejoindre le coffre de la voiture sous les regards médusés.
Caresser l’idée de n’être que plus-que-parfait du subjonctif qui regarde passer la beauté sur une terrasse.
Souhaiter, oui, n’être plus que l’œil qui regarde, ravi, le couple sur la piste de danse.
Souhaiter monter à cru les douleurs des autres, pour oublier la sienne, exquise, l’émincer en tartare.
Attendre le retour du cimetière du chat mort-vivant.
N’être plus qu’écriture en terrasse : adieu aux hommes, adieu à tous les objets ! Les tuer, les tuer, de toutes façons, ils encombrent.
N’être plus que la nuit, une langue d’égoût, de caillots, de dépôt de la laideur de cette bande de bâtards, des compromissions de la guerre, de l’arnaque des mains tendues, de la lumière au bout du tunnel. Se vider de l’espoir comme d’un mauvais sang.
N’être plus que. Et pourtant.
Marcher contre le vent. A la recherche de sa source. Tout au bout de la falaise, faire quelques pas au-dessus du vide, tellement on y croit. Ferme.