De Bataille : maître de l’effroi, debout sur le chariot – lame 7 des tarots – à fouetter deux chevaux borgnes : la mort et le désir, et le bleu du ciel triomphe dans ses mots impitoyables.
de Boulgakov : la structure du récit, les mécanismes du fascisme dans l’humain et en rire, Satan enfin en vrai, les personnages en trois coups de crayon, Marguerite la Magnifique (suivre son exemple).
De Castenada : l’art de modeler la fiction en réalité, au point que Don Juan, à un moment, fut aussi mon maître.
de Colette : le duveteux, le moëlleux, le charnel, l’animal, dans le classicisme de la langue.
de Duras : lame, cruauté, la flèche dans au cœur de la cible à chaque mot.
de Faulkner : les mots en paquets de mer, le souffle coupé à plonger dans la vague, et en même temps la densité, la gravité.
de Flaubert : limpidité chèrement acquise – quinze pages déchirées pour garder une phrase – exigence absolue, poésie masquée, double-jeu, et le courage que ça donne pour affronter le monde.
De Hesse : enfant, j’ai lu Siddartha, allongée sur mon lit, comme toujours quand je lisais. Il avait calmé mon angoisse, c’est lui qui m’a dit que le temps n’existe pas.
De Hrabal : l’oralité triomphante dans les mots écrits, réconciliation.
Des Mille et Une Nuits : spirale infini des recits qui s’engendrent les uns les autres, des histoires qui racontent des histoires qui racontent… et chaque élément – objet, personnage, situation, et tout l’ensemble même – est un signe portant un sens caché. J’écoute et j’obéis.
de Pessoa : perspectives infinies à chaque ligne, entre les quatre murs d’une chambre, les quatre parois d’une malle. Leçon de courage invincible.
de Rice : les subtilités de la narration, les gestes infimes qui disent tout, le sentiment délicieux du danger, la plongée au plus profond, chez les monstres endormis, le vampire que je découvre en moi.
de Rimbaud : trop immense, trop fort, je vacille, touchée au ventre.
de Ségur (la comtesse) : l’irruption des fantasmes sous le glacis de la bienséance, les crinolines et les petits pantalons bordés de festons, la Papovski tombant dans la trappe « elle se sentit fouettée », la violence de l’enfance face aux dialogues convenus des adultes.