Ecrire, pratiquer l’art de la fuite, en dehors du monde social et à la fois, la présence à soi. Sortir des rôles convenus ou dictés qui enferment. Pascal Quignard parle de « vivre dans l’angle caché du monde » ou encore « pratiquer l’hospitalité à tout ce qui est non défini » ( cf. La barque silencieuse) S’écarter des chemins balisés, fréquentés, habituels. Ne pas endosser des habits à la mode , ou qui figent dans un rôle social. Apprécier les vertus de l’ombre . Être à l’inverse du paraitre, s’éclipser, s’effacer. Ne pas faire l’intéressant. Consacrer quelques heures du matin ou du soir à se retirer des impératifs sociaux. Quelques va et vient seront nécessaires, certes. Prendre le soin de s’installer dans l’avant de quelque chose ou bien dans l’après… Laisser libre cours à l’errance de la pensée. Ne pas chercher l’utile. Préférer le singulier, le difficile, le déroutant, le personnel… Sortir des usages convenus du langage, des normes habituelles. Echapper à l’influence de la société dans un lieu propice, à l’abri, hors d’atteinte. Pas une île déserte, ni un refuge montagnard, non. Un lieu à qui nous assignons la qualité de lieu propice. Avec silence, calme et connecté quand nous le souhaitons au vaste monde. Il faut bien pouvoir faire quelques recherches fructueuses pour enrichir son inspiration et ses écrits. Pas utile mais disponible. Des musiques amicales qui accompagnent ou font ruptures , l’instant d’une pause qui relance notre énergie. Perdre un peu la notion du temps. Des lectures aussi à portée de mains. Cultiver l’intériorité. Relire le poème de Jacques Lacarrière « Soyez nu ». Henri Laborit recommande « l’exil dans l’imaginaire » , rêver, inventer des univers , des territoires gratifiants. Goûter la liberté de n’être pas dans les injonctions. Pas d’impérieuses nécessités dans ces temps- là. Goûter la capacité à être dans le monde et à s’y soustraire. Ne rien vouloir de précis. Ecrire autant qu’on le peut. Ecrire sa propre partition, toujours unique. Désaliéné. Affranchi. Sans lunettes imposées. Soi- même.