1. le jour comme tracé de l’éclair dans la lézarde du mur contre le lit comme toucher du doigt le jour qui se lève.
2. le lit à baldaquin, rêve devenu oppression, les quatre torsades de bois travaillé, sculptés, métamorphosés dans la nuit en barreaux.
3. la buée sur la vitre en plus du rideau transparent pour barrer la vue, dans l’ennui, l’attente, le chant du coq et les cloches de l’église pour unique distraction dans une immobilité forcée de corps d’enfant éveillé trop tôt.
4. dans la boîte en fer, le chocolat Callebaut, le petit morceau sur la langue depuis ses doigts vieux et avec les poignets recouverts de méchant tricot bleu pour chaleur sur ses articulations elle dit puis elle éteint et on dort.
5. le roulis, ce que ça fait dans l’estomac du corps étendu dans le train-couchette ou dans la cabine du voilier.
6. couchette cercueil et le réveil nocturne avec comme un coup de batte de baseball sur le front il n’y a qu’à se rendormir.
7. le corps affolé en alerte dans l’étroitesse du lit dans une chambre autrefois conjugale, le lit qu’ils s’étaient partagé au divorce.
8. le corps prisonnier du matelas défoncé dans une chambre qui avait perdu sa clé ou n’en avait jamais eu, les pas dans le couloir et le train dans le lointain, son roulis réconfortant comme un espoir d’échapper.
9. le plafond lézardé et l’explication donnée par le père d’une ancienne carrière proche et toujours se demander où elle se situait.
10. le lit déplié à côté du sien, mon sommeil accroché à son souffle et dormir comme un bébé et comme on quitte la chambre de l’enfant endormi elle est morte sur la pointe des pieds sans me réveiller.
tout (et surtout le petit morceau de chocolat (mais ne pas se rendormit tout de suite après, frisson pour le 8 etc…)
Te lisant, je pense à The good neighbor de Doris Lessing. La vieille et fascinante Maudy et à la narratrice qui est là, jusqu’à la fin.
Comme Brigitte, la 4… qui fait remonter beaucoup de souvenirs, sans le chocolat sur la langue!
elles sont belles toutes ces chambres et je suis touchée par ce lit divorcé, et le baldaquin rêvé devenu prison…
Bonsoir Anne!…L’exercice n’ètait pas facile et je le trouve chez vous très réussi!….La tension ne tombe jamais, un climat très particulier
Merci Sandrine de ce commentaire qui me ramène à ce texte que j’avais complètement oublié. Deux fois merci.