Il y a des fois où je me sens floue, je n’arrive plus à voir, à écouter, à toucher, je réfute toute perspective, tout bute. Nécessité absolue de sortir, filer à l’anglaise. Je lance des ponts, tout me va, observer un paysage qui s’esquisse, entendre les vagues se briser sur les blocs de béton et le vent, recevoir sur le visage des gouttelettes microscopiques qui laissent sur la peau une infime cuticule salée, se contenter d’un signe de tête ou d’un sourire. Une succession de scènes anodines qui me remettent en ordre, ça ne s’explique pas. Je me déporte une fois encore sur l’horizon, j’attends, les minutes s’écoulent, l’espace se libère. Quand je ne me sens plus embarrassée par rien, alors je rentre. C’est ça, c’est bien ça.