Comme à chaque fois, je ralentis à l’approche de la plage et je respire l’odeur du lieu. Comme à chaque fois, je m’arrête en pensant «c’est ici ». Comme à chaque fois je reste là sans bouger, je scrute la vague, l’écume au loin, quelques rochers découverts, à marée basse tu avais dit, je viens toujours à marée basse. Surgissent en vrac les souvenirs, les mots, ton rire et nos folies. Je mets à fonds les Variations Goldberg, Glenn Gould, version 81, ta préférée. Je regarde autour et je cherche une image de toi, des fois ça vient, d’autres non, je te raconte où j’en suis. Là où tu es, tu ne connais pas comme moi ce qui vient après. Et puis des fois entre nous ça n’allait pas fort, tu disais souvent « ce monde me rend dingue », ça me bousculait aussi et on changeait de conversation. Les autres me disent qu’il faut tourner la page avec toi, parce que tu n’es plus là. Quelle connerie! Tu es là autant qu’avant! Et si tu revenais, je te raconterai, ce que j’ai fait, ce qui m’est arrivé. Allez, salut!