Le soleil n’a pas trouvé son chemin. La nuit dans un prolongement sombre attend la relève. Tarde. Percer l’épais. S’étire s’épand se fige le brouillard. Seule. Une lumière humaine pointe pâle. Halo trouble défiant la pesanteur du blanc. Matin obscur. Dans la rue subsiste la lueur d’un lampadaire comme défi à ce qui doit finir à ce qui doit advenir. Le jour peut-être. Le blanc silence tait le petit jour tait les étoiles tait la terre. Comme cycle interrompu. La rue ne bouge ne respire ne vit. Attend. Un être vivant trotte. A peine dans la lueur. A peine dans la nuit. Trotte puis disparaît.
Couche épaisse. Couche blanche glisse sur le fleuve sur la ville. Le grillage fin serré découpe l’horizon. Losanges blancs. Rien n’échappe tout est pris. Aplati retenu étouffé. Royaume blanc. Même la flèche cathédrale comme l’usine cheminée brune ont quitté les terres blanches. La colline on la sait là quelque part. De l’autre côté du fleuve on la sait quelque part. Tout près sous ce qui éteint le monde aujourd’hui. Le ciel goûte la terre l’eau l’asphalte la ville. La lèche la renifle. Ses recoins ses allées. Péniche remontant le fleuve. Plate. Lente. S’immisce un instant entre l’eau et l’épais laiteux. S’immisce puis disparaît.
Le jour est venu mais abandonne les lieux. Rien à gagner ici. Laisser place. Repartir. Tenter sa chance une autre fois. Ailleurs. La nuit gonfle voudrait d’un souffle disperser ce qui écrase le paysage retrouver les reflets les lumières l’immense. Petite nuit par petite porte. Intruse. Celui qui règne ne laisse place domine décide accorde. Quelques humains vaquent en silence. Ni des ombres ni des vivants. Des formes discrètes silencieuses avancent se croisent se dissipent. Epaules en offrandes. Le blanc réclame ici l’attention. Le blanc convoque partout l’oubli. Les phares d’un véhicule progressent lentement. Progressent puis disparaissent.
Comme une offrande, la disparition
Forme de soulagement
Le paysage pris dans un ample répit de tout
Le bien, le doux, de l’inaventure qui te défait
Le bien, le doux de s’y laisser fondre
Et disparaître aussi
Sans plainte et sans pleurer
Merci beaucoup Rebecca
Merci Françoise pour ta douce lecture 🙂
… Le texte trouve son chemin dans cette très belle, sensible évocation…
Merci d’avoir trouvé de la sensibilité sur ce chemin brumeux 🙂
Bonsoir Rebecca, j’aime beaucoup…
Merci Sandrine +++