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L’objet est retrouvé au fond d’un tiroir, des années après avoir perdu son usage quotidien. Objet obsolète. On peine à trouver le câble qui l’alimentait. Branchement. La batterie est morte, c’est fini. Combien pouvait-il contenir de chansons ? 10000 ? 12000 ? Une mémoire inaccesible – le disque dur qui contenait les mêmes fichiers a grillé il y a longtemps maintenant. Finalement une icône apparaît. L’écran fendillé s’allume. Il faut attendre voir – le niveau de batterie est encore trop bas.
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L’IPod est retrouvé au fond d’un tiroir, des années après avoir perdu son utilisation quotidienne. On peine à trouver son câble d’alimentation. Branchement. La batterie est morte, c’est fini. Combien pouvait-il contenir de chansons ? Une mémoire inaccessible – le disque dur qui contenait les mêmes fichiers .mp3 a grillé il y a longtemps maintenant. L’écran fendillé soudain s’éclaire. L’icône du rechargement, clignotement orange sur fond gris, apparaît. Il faut attendre voir – le niveau de batterie est encore trop bas. 10000 chansons, peut-être plus, patients ajouts (2009-2016) d’avant le temps du flux, de la disponibilité permanente, souvenir des heures passées avec l’affreux ITunes. En collant l’Ipod à l’oreille on perçoit un grattement insistant, quelque chose qui, à l’intérieur, dépoussière et décrasse, prépare peut-être le réveil de l’appareil.
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L’IPod est retrouvé au fond d’un tiroir, des années après avoir fait son temps. On peine à trouver son câble d’alimentation. On le branche sur le secteur. La batterie est morte, c’est fini. Combien pouvait-il contenir de chansons ? Une mémoire désormais perdue – le disque dur qui contenait les mêmes fichiers est mort depuis longtemps lui aussi. Mais l’écran fendillé soudain s’éclaire. L’icône du rechargement, clignotement orange sur fond gris, apparaît. Attendons voir – le niveau de batterie est encore trop bas. 10000 chansons, peut-être plus, patients ajouts (2009-2016) d’avant le temps du flux, de la disponibilité permanente, souvenir des heures passées face à l’affreux ITunes à charger des fichiers .mp3 encodés en VBR et patiemment tagués pour que les noms d’artistes, les titres d’albums et de chansons soient correctement rédigés. En collant l’Ipod à l’oreille on perçoit un grattement insistant, toute une vie miniature qui, à l’intérieur, dépoussière et décrasse, prépare le réveil de l’appareil.
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L’IPod est retrouvé au fond d’un tiroir, des années après avoir fait son temps. On peine à trouver son câble d’alimentation. On le branche sur le secteur. La batterie est morte, c’est fini. Combien pouvait-il contenir de chansons ? Une mémoire désormais perdue – le disque dur miroir qui contenait les mêmes fichiers est mort depuis longtemps lui aussi. Mais l’écran fendillé soudain s’éclaire. L’icône du rechargement, clignotement orange sur fond gris, apparaît. Attendons voir – le niveau de batterie est encore trop bas. 10000 chansons, peut-être plus, patients ajouts (2009-2016) d’avant le temps du flux, de la disponibilité permanente, et souvenir des heures passées face à ITunes à charger des fichiers .mp3 encodés en VBR, patiemment tagués pour que les noms d’artistes, les titres d’albums et de chansons soient correctement rédigés. En collant l’Ipod à l’oreille on perçoit un grattement insistant, toute une vie miniature qui, à l’intérieur, dépoussière et décrasse, prépare le réveil. Dans la main l’Ipod bruissant est tiède. L’index touche sa façade anthracite, un peu rugueuse. Son dos d’acier solide est parcouru de rayures d’usage. On se souvient que tout juste sorti de son emballage on pouvait se voir dedans. Le bruit intérieur se fait crissement léger. Quelque chose va se passer. Bientôt. L’écran s’allume. La mollette fait défiler les dossiers. Casque sur les oreilles on clique sur Mix de Morceaux – le hasard choisira lequel des 15750 titres disponibles l’Ipod jouera en premier. Crissement intérieur. Incandescence à l’écran. Tout s’éteint. C’est fini.
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L’IPod est retrouvé au fond d’un tiroir, des années après avoir fait son temps. On le branche sur le secteur. La batterie est morte. Combien pouvait-il contenir de chansons ? Une mémoire désormais perdue – le disque dur qui contenait les mêmes fichiers est perdu depuis longtemps. Mais l’écran fendillé soudain s’éclaire. L’icône du rechargement, clignotement orange sur fond gris, apparaît. Attendons voir. 10000 chansons, peut-être plus, patients ajouts (2009-2016) d’avant le temps du flux, de la disponibilité permanente, et souvenir des heures passées face à ITunes à charger des .mp3 encodés en VBR, patiemment tagués pour que les noms d’artistes, les titres d’albums et de chansons soient correctement rédigés. En collant l’Ipod à l’oreille on perçoit un grattement insistant, toute une vie miniature qui, à l’intérieur, dépoussière et décrasse, prépare le réveil. Dans la main l’Ipod bruissant est tiède. L’index touche sa façade anthracite, un peu rugueuse. Son dos d’acier est parcouru de rayures d’usage. Neuf on pouvait se voir dedans. Le bruit intérieur se fait crissement léger. Quelque chose va se passer. Bientôt. L’écran s’allume. La mollette fait défiler les dossiers. Casque sur les oreilles on clique sur Mix de Morceaux – le hasard choisira lequel des 15750 titres disponibles l’Ipod jouera en premier. Crissement intérieur. Incandescence à l’écran. Tout s’éteint. C’est fini. Au creux de la main un rectangle mort.
ode à tous les enregistreurs de cassettes et autres supports obsolètes ! RIP ! Je suis étonnée que tant de textes parlent d’objets désormais inutilisés : mouchoirs, stylos, ipod…un été de nostalgie !