Celle qui m’accueillait en se cachant dans son tablier qui pourtant avait tenu en respect longtemps toute une ribambelle d’enfants avec maîtresses et inspecteurs ensemble dans le même sac et qui maintenant devenue bien vieille ne mangeait que d’une dent. Celle-ci même qui devenue amie m’ouvrit sa porte un jour en me demandant espiègle ce qui avait changé dans son taudis- bourgeois et gloussant de gourmandise, me montra ses murs comme l’enfant redevenue en me disant … regardez j’ai dessiné des nuages.
Celle qui était bien bien moche et méchante et voulait toujours que je la serve elle et ses copines en enfilant des gants. De rage j’avais donc enfilé des gants mais de ménage en caoutchouc rose et avais servi le thé. Un oiseau très vilain lui aussi voletait méchamment dans sa cage que je refusais de nettoyer et c’est avec grand plaisir que je l’insultais copieusement me vengeant ainsi des brimades subies.
Celle minuscule immaculée qui était posée là de toute éternité dans son petit appartement et qui me croyait perdue car divorcée. Pas la peine de laver quoi que ce soit -d’ailleurs il n’y avait pas de produits pour ces tâches- vu que tout était miraculeusement propre et c’est donc avec amour et grande abnégation qu’elle me demandait expressément de lui faire la lecture des écrits de Sainte Thérèse. Ainsi était-elle certaine que rejaillirait sur moi un peu de sainteté rachetant mon pêché.
C’est très beau, Louise, j’en voudrais plus. Que trois ? Si vivantes dans ces petits moments d’existence…
J’aime beaucoup le premier, la fragilité qu’il dévoile, comment être fort et le lendemain se cacher derrière un tablier, la vie, ses égarements.
L’effet boule de neige du second, des ‘gens méchants’ avec ‘celle qui’, et ‘celle qui’ qui réagit en prenant en grippe l’oiseau, et cet oiseau vilain, rappel des ‘gens méchants’.
Et comme le souligne Anne, on en veut d’autres.
Merci Beaucoup à toutes les deux pour vos commentaires. Ca me fait vraiment plaisir et m’encourage à continuer.