Je me regardais mais je ne me reconnaissais pas. Ce disque de Juliette Greco, le Tourbillon de la Vie qui tournait en boucle, je l’avais enfin retrouvé, c’est ce qui m’est venu en premier.
– À quoi tu penses ?
– À rien disais-je confuse, tout en suivant les paroles
En même temps, moi j’aurais dit l’inverse
– Qu’en penses-tu ?
– De quoi ?
– De tout ça.
Ce disque, c’est étrange, juste maintenant, l’écouter, plaisir immense de retrouver les paroles, de chanter.
C’est un peu court pour se reconnaître, je barre le mot et écris « pour s’admettre » .
J’étais là et je l’observais, rassembler ses pensées, relire ses carnets, esquisser un plan, griffonner avec son crayon gris -le mien- disposer ça et là des formules bien senties. J’aurais aimé la ramener sur le chemin de la raison, juste au besoin, d’une légère pression du genou. Je ne pouvais que penser en l’observant
– Que va-t’elle encore nous inventer ?
Elle ou Moi ?
Le disque s’était arrêté de tourner, aucun son désormais, la chambre- bureau était silencieuse, juste la radio sans le son.
Il fait 2 degrés dehors, sur ma table de travail ma tasse de thé refroidi et un amoncellement de Kleenex. Rien d’autre que ça pour que le doute subsiste, des Kleenex.