La dernière photo que j’ai de toi est une image floue en mouvement. Seules tes chaussures de bowling noir et blanc sont nettes. Je te vois bien plantée sur tes pieds, le corps penché légèrement à gauche, du côté du cœur fatalement. Tu es là, entière comme tu l’as toujours été, vêtue d’un simple T-shirt et d’un pantalon informe dans lequel tu es à l’aise. Sur cette image floue, tu es auréolée d’un halo violet. Je ne vois pas ton visage, mais je reconnais ta posture entre mille, tes mains levées, les cheveux en mouvement. Tu viens de lancer ta boule. Ton sourire n’apparaît pas sur la photo, il est là derrière mon front, je le garde précieusement. À cet instant, je ne sais pas encore que c’est la dernière fois que je te vois. Désormais, tu n’es plus et tu es toujours à mes côtés. Je te vois rire, j’entends ta voix, je sens ton regard surpris, étonné qui observe sans ciller. Tes tristesses, tes joies et tes colères m’interpellent. Nous savons que nous avons été insouciantes lorsque la légèreté a disparu.
Quel beau texte ! Émotion.
Merci Khedidja
Merci – et notamment pour ce mot, « insouciance », qui abrite en lui un peu de nos images perdues.