Tu es tellement ridée que même ton nez est ridé. Cheveux blancs attachés lâches, des mèches folles. Tu me regardes par en dessous, la tête légèrement courbée dans une attitude de défaite. Je zoome sur tes yeux avec la loupe de l’ordinateur et je m’aperçois que non, tu ne me regardes pas, tu ne regardes rien, tu n’offres plus ton regard au monde. Tu t’es repliée en dedans et tes yeux vides fixent l’appareil, sans doute parce qu’on te l’a demandé, et qu’obéir ou pas, tu t’en fous : ce que fait ou pas ce corps vide de toi ne te concerne plus. Sur tes épaules tombantes, la tunique orange des prisonnières.
2 commentaires à propos de “#anthologie #20 l La femme à la tunique orange”
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La première phrase prend dans ses rides, elle frappe, elle retient jusqu’à la chute (orange). On ne saura rien, on n’entrera pas . On ne traversera pas l’écran même en zoomant; on reste plein de son regard absent
tu t’es repliée en dedans, cette phrase si simple et tout ce qu’elle dit d’être tombée hors du monde.