Je cherche mon parpaing, un truc bien lourd posé devant moi qui attend que je vienne le gratter, le pousser, le contourner, le porter, le traverser. La tête sur la main, perplexe, penchée en l’air, à regarder le ciel à travers les FEUILLAGES qui bougent tout le temps comme un modèle qui ne tient pas en place, rétif à la pose, comme les petites bosses des vagues, tout le temps à osciller, à droite à gauche, à droite devant puis derrière, à droite à gauche puis devant, qui fait exprès de bouger, je regarde fixement comme le chat qui cherche à comprendre le mobile du pendule. Ce balayage lascif des FEUILLAGES piano à mezzo, mezzo staccato aspire la recherche du mot. J’essaie d’y retourner, de percer à travers les FEUILLAGES un petit bout de pensée, le fil de la pelote des mots dans les trouées du bleu , un espace vierge avec un mot pas trop habité, monolithique, granitique, unique mais le FEUILLAGE toujours devant moi, pluriel au singulier mais toujours multiple, se balance au grès du vent comme un livre impudique ouvert sur le dos. Je suis Orphée au FEUILLAGE : Qui dirige, qui décide ? Le vent dans les branches qui ploient sous les FEUILLAGES ou plutôt la masse du FEUILLAGE qui entraîne la branche dans le vent. Succession de causes et d’effets, le FEUILLAGE est la terminaison nerveuse de la chaîne qui vibre. Le FEUILLAGE exprime le mouvement comme les poils du pinceau tirent la ligne, il étale la couleur du vent. Dilemme du pinceau, de la tête et de la main, qui emmène, qui finit ? Les poils du pinceau, le bois sur lequel sont attachés les poils du pinceau, la main qui manipule le pinceau ? Je me retrouve devant l’organisation du FEUILLAGE en enfant déballant son sac de « pourquoi ». Le FEUILLAGE éponge mon cerveau, attrape les sons, la lumière, les oiseaux. Impressionnant , pointilliste, brillant, transparent, vert, découpé, percé, Green, sombre, bouteille, tendre, noire, dessus, dessous, à la renverse, troué d’espace, brouillage du FEUILLAGE , gribouillage, dessin toujours raté pour fixer un mot qui appartient au son autant qu’à la lumière, au mouvement de l’onde qui ne fait que s’en aller. Brouillons de FEUILLAGE toujours froissés, coupés, qui s’accumulent dans ma poubelle et finit par reproduire encore et encore un FEUILLAGE bouillonnant. Je reprends ma feuille et brosse au peigne fin une branche de FEUILLAGE? Aussi foisonnante qu’une chevelure, une mèche de FEUILLAGE, peut-être qu’en effeuillant patiemment, j’approcherai, en décomposant, le premier plan, le deuxième plan, l’arrière-plan, comme les panneaux d’un décor ancien de théâtre, posés en profondeur du champ, j’approcherai côté jardin. Le FEUILLAGE en pièce de puzzle par petit bout, par la bordure, par le faîte ou par le tronc, peu à peu recomposé. Je veux percer le FEUILLAGE derrière son camouflage, je veux trouver les bêtes qui se cachent à mon œil vide, petits insectes d’écorce, de feuille, et de fleurs, je veux trouver l’oiseau qui marque son territoire en restant invisible et les armées cachées en division, en tortue, en procession, dans l’ombre qui guette, grignote, régulièrement. Je veux moi aussi manger la feuille et faire un trou dans le grillage du FEUILLAGE. Je sais que derrière toi, il y a une percée toujours possible, plus souple que le mur, que la pierre, tu laisses des trous, des aérations, de l’imagination.
Du mouvement, des frottements et des sons dans ce FEUILLAGE.
Je suis ravie de vous avoir frotté dans le sens du poil.
Un beau parpaing tout léger aéré…
c’est quoi « disturbsique « ?
votre texte n’est pas dans la bonne catégorie, je vous précise la manip’ : quand vous avez fini votre texte cliquer dans documents, choisir la catégorie puis passer à la publication… C’est un des rares trucs que j’ai compris.
Merci Catherine pour le commentaire et le renseignement. Je crois que j’ai compris.
La disturbtsie est une maladie qui touche plutôt les femmes. Elle consiste à être dérangée régulièrement lorsque l’on travaille.