Au bout de mon impasse, qui s’appelle je vous le rappelle l’impasse des Etangs, car, je ne vous le rappelle pas mais vous l’apprends, des étangs en son extrémité y attendent le promeneur (enfin, c’est une façon de parler, nos étangs, comme tous les étangs, lacs, mares et autres ruisseaux, n’attendent rien ni personne, mais quand cessera t-on de prêter allégeance à ces hoquets de langage anthropomorphiques, je vous le demande), au bout de mon impasse donc, il y a, je vous le rappelle également, la double maisonnée de mes parents et de ma tante-oncle-Kali-le-chien. En contrebas, un pré (vert, en pente, tout ça, je vous laisse imaginer: je n’aime pas décrire, et à quoi bon, ce que vous imaginerez n’aura de toutes manières rien à voir avec la chose originale). En bas du pré donc, il y a une ruine que nous appelons « Le Petit Bouc », pour des raisons assez floues, mais qui incluent un bouc, vraisemblablement petit, et à l’Est de cette ruine, on va dire à quatre / cinq mètres, il y a une tombe.
(Je passe à la ligne pour vous laisser encaisser le truc)
La vérité, c’est que le promeneur égaré, disons celui de tout à l’heure, que les étangs attendaient, ou n’attendaient pas, mais qui a pris à droite au lieu d’aller tout droit, le promeneur égaré tombant donc sur ladite tombe (c’est encore une façon de parler.. Souhaitons-lui de garder son équilibre, déjà qu’il est égaré et qu’il s’apprête à faire une découverte macabre), le promeneur donc n’y verrait d’abord que du feu (c’est encore une façon… ). Ce qu’il verrait, c’est un muret recouvert de mousse bâti semble t-il pour contenir un talus et créer au pied (c’est encore une…) de celui-ci une plate forme. Admettons que notre promeneur, en plus d’être distrait, est un promeneur curieux. Il remarquera alors qu’une partie du mur n’est pas recouverte de mousse. Une partie carrée.
… Le promeneur, lentement, s’avance, et sous ses yeux, oui, pas d’erreur possible, c’est bien, entourée d’un cercle creusé dans la pierre, une croix. Une croix en relief, mystérieusement épargnée par la mousse qui tout dévore (c’est encore…)
Bon, je ne sais pas comment Mr le promeneur réagirait et je suis fatiguée de me mettre dans les baskets d’un quidam de fiction, je vous la fais donc courte: derrière cette croix, il y a un caveau. Dans ce caveau, il y a un squelette de jeune fille (les propriétaires précédents ont fait venir quelqu’un pour ouvrir le caveau et ont fait expertiser les os). Personne ne sait qui fut cette jeune fille. Ni quand elle est morte. Ni comment, ni pourquoi elle a atterri là.
Elle est là, c’est tout.