Elle ne parle pas. D’habitude on lui colle des clichés à logorrhée : moulin à parole, causeuse, bavarde, tout y passe. C’est comme si, d’un coup, la source était tarie. Gosier sec. Le flot qu’il déverse vient honteusement provoquer la sécheresse de son gosier, sorte d’étranglement invisible par asphyxie. Les mots sont happés avant qu’elle n’ait le temps de s’en nourrir, même frugalement. Ça devrait être interdit une telle spoliation. Mais j’allais répondre…mais oui alors en fait…toutes ces nuances qu’elle souhaite apporter au semblant de discussion demeurent en puissance, frappent dans le coin de son crâne, mais ne sortent pas, il sature l’échange de ses mots prêts à porter, prêts à envoyer, prêts à enfermer. Un orage de grêle, voilà c’est ça qu’elle sent, bientôt les mots, aussi durs que des balles de ping-pong, viendront heurter le peu d’épiderme qui, jusque-là, parvenait à la protéger.
