#anthologie #04 | tout simplement

Habiter son corps c’est déjà compliqué alors habiter une maison…

En pensant aux personnages de Gracq : Grange, Aldo, Albert, je me dis qu’ils n’ont pas de chez eux : maison forte, forteresse, ce qui revient à peu près au même, château perdu au milieu de la lande bretonne, ils vaquent au monde, sans attache, ils habitent le monde. Ils sont au monde.

Habiter mon jardin. Offrir des lavandes aux abeilles, offrir des sauges à d’autres butineurs, offrir des arbres aux papillons de plus en plus nombreux. Ramasser les escargots qui mangent tout et les balancer de l’autre côté du mur, dans le chemin où ils iront tracer leur nouvelle route. En faire des escargots volants. Habiter un jardin.

Habiter un refuge. Se réfugier en montagne. Trouver sa coquille.

Habiter sa maison comme un refuge, s’y accrocher, s’y perdre, se perdre, s’accrocher aux murs comme le gecko qui se promène au plafond.

Habiter une chambre de cité U. La chaise du bureau que l’on recule et qui touche tout de suite le lit. Un minimum d’espace pour un maximum de rentabilité de l’espace. On voudrait être gecko pour grimper au plafond.

Habiter dans un livre. Courir au fil des pages, parcourir des pages. Attendre blotti dans une vieille édition de Corti qu’une lame vienne massicoter les pages pour sauter sur les mots.

Habiter la ville, habiter la campagne, habiter la montagne, la mer, des chemins de traverse, au bord des routes, des chemins, des rivières, des doutes, des rires. Habiter la vie.

Habiter des nuages, des nuits, des jours, des heures, des minutes. Habiter le temps.

Habiter tout simplement.

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