Un petit pont ou plutôt une passerelle enjambant la fosse ; à deux mètres en contre-bas un piano dépecé attend. Sept-heures, le rideau de fer appareille, les ouvriers paraissent : noirs de service ou bleus, grolles dures comme la pierre. Au vestiaire ça sent le café réchauffé. De la passerelle on s’époumone : les perches jouent aux filles de l’air; les drisses volent. Vue du-dessous la bouche d’ombre impressionne. Coté stuc c’est le rouge des velours et c’est l’or : corbeilles, balcons, loges : murs lie de vin. Le lustre est éteint et brille en mineur. Aux hublots des portes il fait grand jour et quand la nuit viendra il fera jour électrique.
Des villes j’ai connu les théâtres. Des théâtres j’ai traversé les villes. Combien de ponts, de passerelles, de trappes… combien de bars. De vraies fausses rues. De ports à jardin cour, de minuits d’aube. Et inhaler dehors/dedans la poussière de sable. J’ai connu les entrées interdites et ce concierge physionomiste qui avait la mémoire des vers et des noms : disait Baudelaire. J’ai connu les portes électriques qu’on bipe, les arrières scènes, les venelles décrépites . Et on ne croise personne et on cherche la lumière à tâtons. Si l’accordeur n’est pas aveugle on se perd sans canne au dédale des dessous. J’ai vu des ponts ployer sous le poids des lumières, des cagibis d’accessoires infestés et même un boa mort. Dans les couloirs les costumes pendaient comme des spectres. Les loges sentaient la sueur, le fard, la laque, le sexe. Un hôtel donnait sur la baie et je dormais dans les lueurs du port…
« Des théâtres j’ai traversé les villes » Merci Nathalie Holt. Beauté de ce voyage en des rues fausses ou vraies. Magie de dormir dans les lueurs. Merci de cet envers des décors.
welcome back !! (quelle belle image…Merci)
(contente de te lire à nouveau…)
et il suffit de prendre la passerelle, de passer une porte secrète, et nous voilà dans le décor
magnifique finish » Les loges sentaient la sueur, le fard, la laque, le sexe. Un hôtel donnait sur la baie et je dormais dans les lueurs du port… »
je reprends tout ce qu’ils ont dit
et notamment le « contente de te lire de nouveau » de Françoise
Merci Ugo, Piero, Françoise, Brigitte
De retour dans tes textes et merci Nathalie pour ce voyage à travers les théâtres de la ville. J’aime aussi beaucoup le tout début, avant la marche.
merci Clarence