Un coup de pied circulaire à son encontre, attaque, poing haut, poing bas, prête à l’esquive ou à la riposte, elle le provoque, l’affronte, enfin fait mine, les mains devant son visage, le crochette vraiment aux épaules, essaie de l’immobiliser pour le verrouiller, le déséquilibrer et quand il commence vraiment à se fâcher que l’accent des protestations devient menaçant, elle s’écarte en esquissant un coup de pied retourné. Tous les soirs, à l’école après l’école, en attendant l’aide aux devoirs, entre chien et loup, la bouche pleine de goûter spongieux sauf si c’est ramadan, elle se précipite sur Dimitri. Ce qu’elle aime bien l’embêter, elle peut pas s’en empêcher de l’accrocher. La tête en cm1, elle rame pour lire les consignes mais son corps s’emballe par rapport aux autres filles de la classe surtout celles de l’horaire aménagée, elle disparaît dans un jogging de base et préfère les jeux de garçons. Faut que ça déménage, elle en a besoin, sinon elle va exploser avec son problème de proportions qui fait qu’elle se cogne partout, qu’elle rentre dans aucune case avec toutes ses croissances et différences. Toute la classe est partie en classe verte. Alors le soir, c’est la mi temps, elle l’embête, le colle. L’animateur est un doux qui essaie d’en imposer avec sa barbe et sa moustache. Il sait bien qu’il se laisse déborder, qu’il a mal posé les limites d’entrée en voulant se faire aimer, grand frère à la cool, il la sent qui empiète chaque jour un peu plus, faut qu’il pense sérieux à mettre de la distance, qu’elle arrête ses singeries. Vivement que l’année se termine. Et puis il a croisé les regards entendus des vieilles bénévoles. Faut mieux être une fille, à la limite.