Camille est assise sur les galets. Elle a les pieds dans l’eau. L’un repose sur un galet plat. L’autre bascule d’avant en arrière, en équilibre sur un galet arrondi par les mouvements de l’eau. Elle a apporté un livre qu’elle a laissé dans son sac de toile. Elle regarde l’horizon. Les voiliers voguent au loin. Les planches à voile glissent. Elle se relève. Epoussette la poussière blanche que les galets ont laissée sur son short. Elle examine le sol. Elle recherche un trésor. Coquilles de bigorneaux vides ou cauris. Elle ne trouvera pas de cauris sur cette plage. Elle le sait déjà. C’est le plaisir de déambuler. Le soleil se voile. Elle croise les bras. Elle est seule sur la plage. Elle veut plonger, nager sans jamais s’arrêter. Elle peut le faire, elle a l’endurance. Elle ôte ses vêtements, s’avance sans hésitation dans les vagues. Elle débute par quelques mouvements de brasse. Le crawl ensuite. Elle fixe la bouée jaune. Ses yeux rougissent au contact du sel. Puis elle s’allonge sur le dos et flotte. Elle écoute les sons des profondeurs.
Augustine cueille des reine-marguerite. Cinq tiges de même longueur. Elle en ôte les insectes. Elle aime la blancheur de leurs fleurs. Elle sourit. Enfant elle effeuillait les pâquerettes. Elle pince un pétale. Elle ne le détache pas. Un peu. Je t’aime, un peu. Je t’aime, beaucoup. Une allée, une autre. Le sécateur pend dans sa main droite. Elle inspecte la repousse des mauvaises herbes. De l’eau de pluie au fond d’un vase. De la lumière, juste ce qu’il faut. Le bouquet orne la table de jardin. Sur une chaise est posé un coussin beige. Elle s’y assoit. Elle attend l’heure du prochain bus. Elle se rend en centre ville dès qu’elle le peut.
C’est un parc arboré. Un écureuil grimpe à une branche. Le banc est sous un Séquoia. Madeleine examine une pile de magasines. Elle s’étonne. Elle se moque. Elle commente. La robe est trop courte. La coiffure est trop moderne. La nouvelle petite amie pas assez connue. Elle aime lire la presse people loin des regards. Elle ne lit que les gros titres. Les pages se tournent au mouvement de l’index humecté. Elle n’est pas abonnée. Elle emprunte les exemplaires des cabinets médicaux.
Marcel se cache au grenier. Il lit. C’est un livre au format poche, à la couverture reliée. La lumière décline. Il débute l’Ile au Trésor. Ses doigts sont terreux. Il n’a pas pris le temps d’enlever la terre sous ses ongles. Il a si peu de moment pour lire. On lui dit que c’est une perte de temps. On le croit ailleurs. Il s’applique à ne fait aucun bruit. Il évite les lattes vermoulues. Il avance avec précaution. Dans le renfoncement entre une étagère et un vieux carton il est bien. Il s’échappe. Il ne peut rester plus d’une heure.
Jolie galerie de portraits. Je vois que tu combles ton retard dans le rythme des propositions. J’aime bien cette succession de phrases brèves, ça donne un rythme, une unité à l’ensemble.