Comme je l’ai dit, déjà, elle est d’abord toute petite. Très petite même, puisque plus petite que prévu, venue trop tôt mais vivante. Légère à porter dans l’escalier, dénivelée lentement parcourue pour ne pas casser la minuscule personne qui s’ajoute, tout en haut, sous les toits. Toute petite place dans tout petit appartement. Pas grave, car tout petits parents aussi… enfin, pas bien grands. On tient sans problème sous le rampant du toit, et puis on apprécie la vue car perchés tout là haut, on ne se sent plus si petit. Elle est petite mais prend une importance capitale. Il n’y aura pas de fratrie, on a eu peur. C’est là qu’elle va grandir. Plutôt vite. On a eu si peur qu’on la nourrit trop, il ne faut pas qu’elle dépérisse, il faut la vitaminer, la renforcer, la faire pousser, la muscler, la couver, la choyer, la croire fragile alors qu’elle semble indestructible, la façonner aussi, à la mesure du rêve déposé sur ses frêles épaules. Elle s’en accommode, s’habitue, relève les défis, les dépasse ou le laisse croire. Comme je l’ai dit, déjà, elle descendra, un jour, un jour d’envol.