C’était lors d’un temps suspendu. À la saison des cerisiers en fleurs, de l’atmosphère blanche et du ralentissement du monde. Le moment silencieux d’un voyage immobile. Une escapade vers une campagne d’antan, une certaine évasion. Il était dans la bibliothèque depuis tant d’années. Je l’avais peut-être feuilleté, peut-être lu en classe. Je n’en avais aucun souvenir. Pourquoi l’ai-je ouvert ? Recommandé par mon amie d’écriture et de folles escapades ? Dès les premières pages il m’a envouté, et perfuse encore son enlacement onirique. Est-ce sa poésie ? Son mystère ? La chaleur des journées de ce moment ? La période si particulière du printemps 2020 ? Tout à la fois sans doute. Un fil entrelacé d’enfance et de merveilleux, de passé et de présent, d’allers et retours enchantés. Je suis partie en promenade rêvée, ai ressenti la liberté de l’errance. De loin en loin ma part d’enfance et d’aspirations resurgissait. Il était tout contre moi et je pleurais parfois à ce que j’avais perdu, à l’enfant que j’avais distancé, aux coups de tête assagis. Mais aussi à la beauté mystérieuse des lieux campés entre conte de fées et rugosité du réel. Un étrange vis-à-vis entre mots de l’auteur et ce à quoi j’aspire.
C’est très beau, Fabienne, « l’enfant que j’avais distancé », « aux coups de tête assagis », « la liberté de l’errance », « entre contes de fées et rugosité du réel ». Merci.