Le pieds intimidé et tâtonnant qui cherche la descente de lit en peau de mouton lainée. Le pieds déçu et recroquevillé sur le carrelage glacé. Trois heures du matin, froid humide, frissons. Retour sous la chaleur de la couette.
Le velux au-dessus de la tête n’a pas de rideau. Pleine lune éblouissante, majestueuse, on y voit comme en plein jour, impossible de rester les yeux fermés dans cette nuit blanche.
Les motifs du tapis persan forment les rues, les places, les minarets, les ponts, tout un monde hypnotique tissé de fils de soie qui brouille les pensées. De quel pays, de quel voyage, de quel palais, par qui a-t-il été ramené ?
Derrière les rideaux de velours bruns mal tirés se dessine une forme épaisse, massive, sombre. Voleur, crocodile, kidnappeur d’enfants, barbe Bleue, ogre mystérieux, la chose reste immobile, indistincte,noire. La lumière pâle de la veilleuse n’est pas assez puissante.
La lumière crue des néons blancs inonde le couloir de l’hôpital et renverse tout sur son passage. Les cliquetis métalliques du brancard cassent les tympans, les pas brusqués des infirmières de nuit s’arrêtent , le panneau « Urgences » bondit soudain de l’obscurité.
L’odeur entêtante du parquet nourrit à la cire d’abeille, le tic-tac assourdissant de l’ ennuyeuse horloge comtoise, la lumière de l’aquarium qui ne s’éteint jamais, les ressorts du vieux canapé-lit qui se plantent dans le dos, le souffle de mon cousin qui dort aussi dans le salon car toutes les chambres sont prises par les vieux.
La lumière clignotante des réverbères donne à cette chambre d’hôtel un air de boîte de nuit de province.
Par la fenêtre ouverte s’infiltrent les miaulements impudiques des chats, presque humains, chant d’amour bestial,gênant.
Pas de ventilateur, pas de clim. La sueur ruisselle et les draps mouillés collent à la peau. Impossible de créer un courant d’air car la fenêtre ne s’ouvre quasiment pas pour raison de sécurité. On aurait presque envie de s’y jeter de désespoir…
14 juillet, l’orchestre du bal populaire massacre les tubes des années 80 avec entrain.
C’était quoi déjà cette chanson débile à la mode ?
Catherine Marchi
Rencontre née du hasard de mes pérégrinations dans le Tiers-Livre…
Belle rencontre où chaque nuit se révèle chargée de sensations concrètes. On touche le carrelage, on est en boîte de nuit…
Une seule attente déçue : pas de présentation de l’autrice.