Reprenons. Je veux bien jouer avec toi. Ainsi je serais la vraie fille d’ouvrier du groupe opposée à vous les enfants plus riches. Je serais méconnue et j’attendrais mon heure un peu tapie un peu calée dans un recoin. L’heure où ta narratrice me reconnaîtrait comme une autre elle même, un double. Finie l’aversion. Elles se regardent. S’aiment enfin dans la lumière apaisée du récit. Peut-être que ce temps est postérieur à l’histoire du groupe. Un après coup, un moment de vie du corps qui écrit selon ton expression, au fait, un peu maniérée, tu ne trouves pas? Je veux bien rester encore un peu dans ce couloir du Corbusiet sans oser sonner, sans entrer chez Malte censé m’intimider alors que je connais de lui des rires qui ne sont pas à toi. Tu vois je peux faire la méchante sœur, me lever d’un bond et aller au bal, te laisser en plan avec ton clavier. Et te voilà avec les fragments de ce temps où tu m’as inscrite. Te voilà privée de boussole, frustrée de cette histoire un peu déjà vue, bien simplette. N’aie pas peur, je ne reste pas. J’ai du boulot. Dans ces quartiers Nord où nous faisions du porte à porte, je suis quelqu’un. Il arrive que je te croise, en adolescente perdue au fond d’un pull trop grand, poitrine écrasée sous les livres.