Les bulldozers, les pelleteuses, la maison est détruite : il ne reste rien. Automne 2021, elle regarde sur Google Earth, le petit terrain de Villa Bellevue – Salé Plateau, des potiers, elle repasse par la cuisine, caresse les casseroles en cuivre, retourne dans le salon bleu à la voute, s’étend sur le divan bleu du salon interdit, tiens, la DS remonte, la grille s’ouvre, elle suspend son geste, croit qu’elle a mal entendu, poursuit sa visite reprend l’escalier, reviens sur ses pas rentre dans la chambre aux dentelles, reprend son itinéraire aux oiseaux, reprend de ce maïs, se recouche dans les draps du lit en cuivre, retourne vers le paysage dévasté maintenant de l’île aux tortues, y retrouve la marguerite orange placé exprès en guise de phare aux souvenirs, mais au milieu de ce champs de ruine comme dans 81/2 de Fellini, des clowns ressortent par la grille principale : Cinéma : le pylône du champs s’est transformé, elle reviens vers l’eucalyptus roi, maintenant attaqué par les masses d’acier, et du royaume voici ce qu’il en reste, elles sont là encore, elle, à 85 ans retourne vers son poulailler, elle est toujours en train de compter ses dentelles, lui de faire et refaire sa crèche, après avoir écouté les nouvelles de la métropole, ou alangui dans son champs, dormant, rêvant comme Diogène (öte-toi de mon soleil), de revoir sa Dame assise, de refaire le trajet, de revenir, de repartir, de s’arrêter à un bouquet, de faire son chef d’œuvre, à l’unisson de la matière, des hommes, de la vie. Moteur / 8 ½ de Fellini.