Le temps est à la pluie. Il est 07h30, j’ouvre la porte qui donne à l’extérieur. L’air est humide et froid. Je suis propulsé, d’un coup, dans l’automne qui souffle à grand vent. Je recule puis ressort, écharpe au cou, bonnet sur les oreilles. Dans la voiture, les essuie glace balaient en vitesse maximum, il ne fait pas encore jour, je mets les pleins phares pour sortir du chemin, puis je tourne sur la petite départementale et rejoins la nationale où je réduis la puissance de mon éclairage. Les centaines de phares qui défilent dans un sens et dans l’autre prennent le relai. Ici disparait le calme, l’éveil de la campagne. Là , tout est en tension, précipitation, comme poussé par le vent, flot de voitures,camions, motos et les flots d’eau qu’ils soulèvent. On est dans l’arrachement, au sommeil, à la vie privée, à l’intime. Tous ces véhicules précipitent leurs passagers vers la tache, la mission, la fonction qui les tiendra jusqu’au coucher du soleil qui commence doucement, à l’horizon, à se lever. J’emprunte ce flux jusqu’à l’aiguille qui prendra le flux de mon sang. Il sera placé dans une boite chargée dans une voiture qui rejoindra le flux routier jusqu’au labo. Quelqu’un s’est levé, ce matin, avec pour tache, mission, fonction, d’analyser mon sang et celui de milliers d’autres. De retour chez moi, j’attendrai quelques heures le mail qui me dira si tout va bien.
Merci Laurent pour cette scène matinale qui m’en a rappelé d’autres, pour le flux et l’attente du mail. C’est beau ces mots et le vent.
pour le 5 Laurent merci pour « L’éclatement se déroule sur une échelle tellement vaste qu’il en paraît immobile »
Il est magnifique, terrible et très beau votre texte lu (#31) sur la chasse et les tueries des hommes. Il m’a beaucoup touché.