#anthologie #09 | Thomas Bernhard l Le chemin opposé

François Bon l’a donc dit : mes vers, « ça sert à rien »
Je suis plutôt servile, et j’aime que l’on m’aime
Décision est donc prise : aucun alexandrin
Ne se faufilera ici, aucun poème
Ne frappera mes mots de l’inutilité
Que notre cher mentor a dit ne point goûter

Or voilà qu’au réveil, ce dimanche matin
Au seuil d’exécuter ma prose obéissante
(Serait-ce l’influence de quelque esprit malin?)
Mes doigts sur le clavier, et contre tout’attente
Refusent d’obéir à mon désir de plaire
Et toute idée en prose la traduisent en vers

Malheur ! Le grand François dont l’estime m’est chère
Mes vains alexandrins va frapper d’anathème
Le doute me torture au moment de déplaire,
Moi qui vendrais mon âme dans l’espoir que l’on m’aime !
Assumerai-je, hardie et sans amer regret
Ce matin où j’ai pris le chemin opposé ?

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