« Elles commencent une danse circulaire, en battant des mains, en faisant entendre un chant dont il ne sort pas une phrase logique. » Monique WITTIG Les guérillères
On dit que les montagnes ne se rencontrent jamais. Lui , raconte qu’on doit apprendre à prier comme une montagne, mais il ne dit pas comment il faut s’y prendre. Dans toutes les religions ou les philosophies prétendûment apaisantes, il y a une conviction de base, comme un laisser – passer que beaucoup acquièrent en abandonnant leurs certitudes pour les troquer contre une allégeance mentale un peu paresseuse. Le mimétisme et l’appartenance à des foules compactes d’adeptes servent de caution à la crédulité. S’ils tournent en rond autour d’un totem, d’un ballon rond ou ovale, d’un ring ou d’une divinité empaillée ou enluminée, pourquoi ne pas les rejoindre. On verra bien ce que ça donne ( au sens d’avantages substantiels ou spirituels).On dit que les montagnes accouchent parfois d’une souris. Lui, préfère en rire.
Elle raconte l’histoire de la Princesse au petit pois, mais lui préfère celle de Poucette. Les contes pour enfants servent à les faire tenir tranquille. Elle invente celle de la Fille qui tombe. Elle tombe de son lit comme on tombe de haut lorsqu’on a trop voulu monter sur ses grands chevaux et que ceux-ci s’étaient emballés dans le paysage. La Tour de Pise n’y est pour rien, La Tour de Babel non plus, c’est une histoire de filles qui se racontent des histoires de filles , celles qu’on n’a jamais racontées jusque là parce qu’elles déplacent désormais les rôles et la hiérarchie des richesses. Ce sont des histoires qui dérangent et laissent un peu de désordre dans les corps et biens. Lui dit qu’il n’a pas peur d’entendre; mais qu’il lui faut un peu de temps pour assimiler le profil des nouveaux personnages. Qu’est-ce qui se passerait si les Fables de la Fontaine étaient écrites par une femme au XXIeme siècle ?
Elle raconte l’histoire des Femmes à travers l’Histoire. Et elle n’a pas d’autre choix que d’envoyer à d’autres femmes, l’image de la dignité et de l’indépendance ce qui ne lui facilite pas la tâche. Le chantier est immense. Les questions sont inépuisables. Les logiques se combattent au risque de la joute stérile. Elle raconte qu’elle n’a plus peur.